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  Virage à droite en Pologne

  13 Débats

Des propos tenus par le Premier ministre polonais dans le cadre de la Conférence de Munich sur la sécurité ont généré un tollé international. Mateusz Morawiecki a déclaré qu'il y avait eu des "coupables juifs" pendant l'occupation nazie, "comme il y avait eu des coupables polonais, russes et ukrainiens - et pas seulement des coupables allemands." Des propos condamnés par le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, qui a demandé des explications à son homologue polonais. A juste titre ?

Dans le cadre de la Fête de l'indépendance polonaise, quelque 60.000 manifestants ont défilé samedi dans les rues de Varsovie, répondant à l'appel de nationalistes d'extrême-droite. Les pancartes racistes étaient nombreuses. Le ministre de l'Intérieur Mariusz Blaszczak s'est félicité de la bonne ambiance qui a animé le défilé, occultant les propos sulfureux tenus. Beaucoup de commentateurs sont néanmoins fortement alarmés par l'ampleur et la virulence du phénomène.

Sourd à toutes les sommations, le parti au pouvoir en Pologne PiS fait avancer la très controversée réforme de la justice qu'il a initiée. La Commission européenne a donc sévi en engageant une procédure d'infraction contre le pays. Si certains observateurs y voient une mesure justifiée face au torpillage de la démocratie, d'autres évoquent une ingérence indue de l'étranger.

Lors d’une commémoration dans l’ancien camp d’extermination nazi d'Auschwitz, la Première ministre polonaise Beata Szydło a déclaré qu’Auschwitz était "une grande leçon" et "qu’il fallait tout faire pour défendre la sécurité et la vie des citoyens". Des critiques l’accusent d’instrumentaliser la commémoration des victimes pour défendre la politique anti-migratoire de son gouvernement. Quelles sont les réactions dans la presse en Pologne et en Allemagne ?

Le parti national-conservateur PiS est au pouvoir depuis maintenant un an en Pologne. Son gouvernement avait adopté une série de lois transformant les institutions publiques, suite à quoi l'UE a engagé une procédure de sauvegarde de l'Etat de droit contre le pays-membre. Le projet d'interdiction totale de l'avortement a cependant été abandonné. Les commentateurs polonais dressent un bilan mitigé de la première année du PiS au pouvoir - à l'image d'un pays divisé.

Suite aux grandes manifestations en Pologne, le Parlement a rejeté le projet de loi prévoyant une interdiction totale de l'avortement. Le PiS, majoritaire au Sejm, soutenait le projet. Les médias conservateurs dénoncent une trahison. D'autres commentateurs se félicitent de ce que la voix de la rue ait été entendue.

L'administration municipale estime à 240 000 personnes le nombre des personnes descendues dans les rues de Varsovie samedi pour protester contre le gouvernement national-conservateur du PiS. Certains commentateurs y voient une mobilisation historique à laquelle l'Europe doit réagir. D'autres en revanche font valoir qu'il s'agit d'un mouvement marginal.

En Pologne, la cheffe du gouvernement Beata Szydło et les évêques soutiennent une initiative populaire favorable à une interdiction absolue de toute IVG. Dimanche, des milliers de manifestants ont dénoncé un durcissement du droit à l'avortement, qui est pourtant déjà le plus restrictif d'Europe. Une controverse dont la presse se fait l'écho.

Le ton continue de monter entre l'UE et la Pologne dans le litige relatif à la réforme de la Cour constitutionnelle. L'UE vient d'envoyer un courrier à Varsovie pour lui faire part de ses inquiétudes quant au respect de l'Etat de droit. Mi-janvier, la Commission avait ouvert pour la première fois une procédure de sauvegarde de l'Etat de droit à l'encontre d'un Etat membre. Le litige s'envenime-t-il ?

La Première ministre polonaise Beata Szydło a défendu devant le Parlement européen la réforme de la Cour constitutionnelle et la nouvelle loi sur les médias. Si certains commentateurs saluent la courtoisie du dialogue, d'autres déconseillent à la Pologne de suivre la voie des démocraties 'anti-libérales'.

La Commission européenne envisage de prendre des mesures à l'encontre de la nouvelle loi sur les médias adoptée par Varsovie en fin d'année, qui prévoit de soumettre les médias publics à un contrôle accru du gouvernement. Si certains éditorialistes se félicitent de ce que l'UE recadre le gouvernement national-conservateur au pouvoir à Varsovie, d'autres jugent les récriminations de Bruxelles contre-productives.

Transformation des services secrets, réforme des médias publics, neutralisation de la Cour constitutionnelle : la Commission européenne a décidé de réagir à la refonte de l'Etat polonais en engageant une procédure pour Etat de droit contre le pays. La réponse de Bruxelles est-elle la bonne ?