Nouveau programme d'austérité : quel apport pour la Grèce ?

Le Parlement hellénique a approuvé un nouvel ensemble de coupes et de hausses d'impôts, condition préalable au versement de nouveaux crédits. Parmi les mesures adoptées, un 'frein budgétaire' automatique et un fonds de privatisation chargé d'administrer et de vendre la propriété publique. La seconde initiative fait couler beaucoup d'encre dans les médias grecs.

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Protagon.gr (GR) /

Un fonds de privatisation judicieux

Le conseil d’administration du nouveau fonds de privatisation sera composé de cinq membres, dont deux seront les représentants des créanciers de la Grèce. En dépit de cette influence étrangère, cette instance pourrait apporter du positif, selon le portail Protagon :

«La propriété publique doit-elle être laissée en pâture aux ministres, aux centrales politiques et aux fonctionnaires ? Des politiques incompétents peuvent-ils administrer les ressources nationales, ou faut-il renoncer à cette méthode défectueuse, même si cela est humiliant ? La création de ce fonds de privatisation revient à créer un Etat parallèle, ce qui n’est pas forcément plus mal. Si cette initiative présente le risque d’une nouvelle perte de contrôle national, elle génère aussi une perspective de développement intéressante.»

The Press Project (GR) /

Un Parlement purement ornemental

En adoptant un 'frein budgétaire' qui entrera automatiquement en vigueur si la Grèce n'atteint pas ses objectifs d'austérité, le Parlement choisit de facto de renoncer à tout pouvoir, selon The Press Project :

«Le ministre des Finances ne conservera qu'un vague rôle consultatif tandis que le Parlement aura lui aussi, au mieux, une fonction consultative, et au pire, un simple rôle ornemental. ... Ces nouvelles mesures ont une influence directe sur la capacité des citoyens à décider, contrôler et façonner leur propre avenir. ... Quelqu'un a dit un jour 'la démocratie est sans impasses'. Ce n'est pas une illusion. L'histoire regorge d'exemples de peuples qui ont lutté et gagné. La triste vérité toutefois, c'est que la société grecque dort profondément, ou plutôt qu'elle ferme les yeux, dans l'espoir que tout ceci ne soit qu'un mauvais rêve qui se dissipera au réveil.»

Proto Thema (GR) /

Des instruments d'austérité efficaces

Même si les mesures adoptées privent l’Etat de tout pouvoir, elles pourraient toutefois s’avérer judicieuses, juge Proto Thema :

«Le premier développement positif, c'est que le mythe de la gauche se désagrège et que le populisme subit un revers cuisant. ... Le second, c'est que le frein budgétaire automatique et le fonds de privatisation sont deux outils qui, utilisés à bon escient, peuvent apporter la croissance. ... S'il est vrai qu'il s'agit d'une atteinte à la souveraineté gouvernementale, ces mesures pourraient toutefois être efficaces. Elles réduiront les dépenses d'un secteur public hypertrophié et mettront le patrimoine de l'Etat à la disposition d'investisseurs privés. Indigne certes, plutôt libéral, mais assurément efficace pour un pays dirigé par des politiques comme les nôtres.»

Duma (BG) /

La volonté populaire ne compte plus depuis longtemps

Les Grecs ne peuvent pas attendre de leurs politiques la moindre solution de sortie de crise, déplore le quotidien de gauche Douma :

«Ni les conservateurs ni les socialistes ne sont parvenus à maîtriser la situation. Ils ont choisi la voie de l'austérité, qui a déplu aux Grecs. Ceux-ci ont donc voté Syriza, car Tsipras leur avait promis de sortir de la crise sans nuire à des conditions de vie déjà fortement dégradées. Cela n'a pas fonctionné. ... Le 'non' grec entrera dans l'histoire européenne comme un référendum sans conséquences. Tsipras reste au pouvoir, sans pouvoir faire de grandes promesses. Bien sûr, Athènes ne se soumettra pas aux créanciers sans livrer bataille ; ceux-ci savent bien qu'ils ne peuvent pas exiger l'impossible de la Grèce.»