Commémoration de la bataille de Verdun

La chancelière allemande Angela Merkel et le président français François Hollande ont commémoré ensemble dimanche le centenaire de la bataille de Verdun, au cours de laquelle plus de 300 000 soldats ont perdu la vie. Le projet européen nous préserve de la répétition de telles tragédies, avancent certains éditorialistes. D’autres craignent que les réflexes de repli national et d’isolement ne provoquent de nouveaux conflits en Europe.

Ouvrir/fermer tous les articles
Frankfurter Allgemeine Zeitung (DE) /

Une réponse à la morosité européenne

A une époque où la cohésion européenne est si facilement remise en cause, la commémoration de cette terrible bataille s’avère primordiale, selon Frankfurter Allgemeine Zeitung :

«Le souvenir de Verdun nous impose d’aller au-delà de la normalité du quotidien et de ses disputes, petites et grandes, et de ne jamais oublier l’ampleur de l’œuvre de réconciliation accomplie. … Même le cadre européen dans lequel cette réconciliation a été possible ne va pas de soi. Il convient de le rappeler, en cette époque marquée par l’affaiblissement des liants européens et par la multiplication des crises qui sapent la cohésion de l’Union. On ne proscrira pas les litiges qui grèvent la politique européenne par la simple évocation de 'Verdun', bien entendu. Désaccords et dissensions sont nécessaires, même si, du point de vue de la politique européenne, ceci implique d'être rapidement confronté aux sujets qui fâchent. … Nombreux sont ceux qui observent avec indifférence ou avec hargne le renforcement des forces considérant l’union des Européens comme une erreur liberticide. Peut-être faudra-t-il qu'ils prennent, eux aussi, le temps de réfléchir.»

El Mundo (ES) /

Le projet européen, rempart contre la guerre

L’Union européenne est née précisément pour empêcher le déclenchement de nouvelles guerres, nous rappelle le journal El Mundo :

«Dès sa création, le projet d’unification européenne a constitué le meilleur moyen de se prémunir de la répétition de tragédies comme celle de Verdun. … C'est pourquoi la cérémonie d’hier à Verdun revêtait un sens particulier. L’Allemagne et la France, ennemies au cours des deux guerres mondiales, sont aujourd’hui le moteur d’une Europe qui a besoin d’exorciser ses démons afin de réaffirmer les valeurs communes qui ont rendu possible cette longue période de prospérité. 'Ce serait effectuer une véritable régression que de ne réfléchir qu’en termes nationaux et nationalistes', a prévenu hier la chancelière allemande. Lors de l’hommage rendu aux milliers de soldats reposant dans l’ossuaire de Douaumont, Merkel et Hollande ont été la voix de tous ceux qui espèrent que Verdun ne restera qu’une cicatrice dans la mémoire collective européenne, et non une plaie ouverte.»

Libération (FR) /

On se dirige vers un nouveau Verdun

Les forces xénophobes ont le vent en poupe aujourd’hui au sein même des nations qui se faisaient la guerre au cours du premier conflit mondial, constate avec inquiétude le quotidien Libération :

«La guerre est impossible dans l’Europe civilisée, disent les intéressés quand on s’inquiète de ces résurgences chauvines, de cette nostalgie des frontières. Qu’en savent-ils ? Bien sûr aucun gouvernement, serait-il populiste, ne voudra chausser demain les bottes de 1914. Mais à terme ? Les générations d’après-guerre ont légué à leurs enfants une Europe pacifique. Décevante, incertaine, lointaine, mais pacifique. Sur la longue route du retour à la guerre, on veut maintenant franchir une première étape : rétablir les frontières, rendre leur prédominance aux réflexes nationaux, prospérer de la méfiance envers l’autre. Disons-le tout net : s’il est encore limité, ce premier pas vers Verdun, au regard de l’histoire, est criminel.»

Autres opinions

The Guardian (GB) / 30 mai 2016
  Verdun nous rappelle tout ce que l'UE a apporté (en anglais)