Maquillage des comptes grecs : une ingérence de l'UE ?

A Athènes, l'ancien directeur de l'Office statistique grec (Elstat), Andres Georgiou, comparait au tribunal. Il est accusé d'avoir artificiellement gonflé les chiffres du déficit public, qui avaient entrainé l'adoption du premier programme d'austérité en Grèce. La Commission européenne s'est rangé mercredi derrière le statisticien. Si, en Grèce, certains éditorialistes déplorent une immixtion de Bruxelles, d'autres appellent à éviter un nouveau conflit avec l'UE.

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Efimerida ton Syntakton (GR) /

La Grèce n'est pas une république bananière

La déclaration de la Commission européenne constitue une immixtion dans les affaires de la Grèce, selon le quotidien Efimerida ton Syntakton :

«C’est une intervention flagrante, doublée d’un appel indirect mais clair à classer l’affaire sans suite et à déclarer l’innocence du statisticien Andreas Georgiou. … Il est clair que les commissaires européens ont placé l’un de leurs collaborateurs au-dessus du pays et au-dessus de la Constitution démocratique de celui-ci, car l’Office statistique grec Elstat est directement relié, par le biais d’Eurostat, à la Commission. Ils considèrent dès lors la Grèce comme une république bananière. Le ministre des Finances grec, Euclid Tsakalotos, a donc très bien réagi lorsqu’il a déclaré que si la Commission disposait d’informations objectives permettant de déterminer l’issue de la procédure, elle avait alors l’obligation morale de transmettre ces éléments à la justice grecque afin de faciliter le travail de celle-ci.»

Protagon.gr (GR) /

Athènes ne peut se permettre un nouveau conflit

Une recrudescence des tensions entre Athènes et Bruxelles en raison du conflit autour du responsable de l’Office statistique grec pourrait avoir de graves conséquences, met en garde Protagon :

«Les rebondissements dans l’affaire Georgiou perturbent Bruxelles et pourraient influer sur les négociations menées entre le gouvernement hellénique et les créanciers. Il se pourrait qu’Athènes endosse le rôle de Ponce Pilate et se comporte comme si la position officielle de Bruxelles dans l’affaire Georgiou ne la concernait pas. Or Athènes ne pourra éviter le carton jaune de Bruxelles. … Ces nouveaux développements pourraient même bloquer l’évaluation du programme d’austérité grec [à l’automne] et peser sur les relations entre Athènes et Bruxelles.»