Parti socialiste espagnol : le grand fossé

A la veille des législatives en décembre, les socialistes espagnols sont profondément divisés quant à l'orientation fondamentale de leur politique : une partie de la direction du parti a démissionné mercredi suite au refus du secrétaire général Pedro Sánchez de collaborer avec le PP conservateur pour former un gouvernement. Pour les commentateurs espagnols, ce différend est symptomatique des problèmes auxquels est confrontée la gauche européenne dans son ensemble.

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El País (ES) /

La gauche européenne se scinde

Pour le sociologue Jorge Galindo, la ligne de faille qui divise les socialistes espagnols est à l’image du désaccord que l’on observe au niveau européen quant à l’orientation générale de la gauche. Dans El Paìs, il écrit :

«On distingue deux conceptions opposées du rôle des sociaux-démocrates dans le monde occidental. Il y a d’un côté le soutien au centre et aux partis traditionnels de centre-droit, voire la volonté de prendre leur place, qui implique de conclure un pacte au service de la stabilité et des réformes. Le Premier ministre italien Matteo Renzi incarne cette voie. De l’autre côté, on trouve la proposition opposée : tout pacte conclu avec les élites est une trahison, raison pour laquelle c’est le devoir de la social-démocratie de s’éloigner du bloc de centre-droit au lieu de s’en rapprocher. ... Dans cet antagonisme, Pedro Sánchez s’est rangé du côté de Jeremy Corbyn

El Mundo (ES) /

Une aubaine pour la gauche populiste

La vague d’autocritiques virulentes dans les rangs des socialistes espagnols est inquiétante, souligne El Mundo craignant que des partis populistes de gauche puissent en tirer profit :

«Pedro Sánchez pourrait bientôt appartenir à l’histoire du PSOE. Mais il faudra du temps pour refermer les blessures de cette bataille. Et c’est le pire qui puisse arriver aux socialistes à un moment où la social-démocratie de l’Europe entière est sur le gril, défiée par la gauche populiste. Entre 2008 et 2016, près de la moitié des électeurs a tourné le dos au PSOE. Cela serait dramatique si l’Espagne perdait son parti de gauche traditionnel à cause de l’insouciance de ses dirigeants. Il est encore temps de trouver une solution civilisée et d’empêcher un duel mortel à la manière des cowboys.»