Athènes doit-elle extrader les putschistes turcs ?

Les juges grecs examinent actuellement la demande d'extradition de soldats turcs formulée par Ankara. Les huit hommes, qui auraient participé au putsch raté du mois de juillet en Turquie, avaient rallié la Grèce en hélicoptère la nuit du coup d'Etat. Les commentateurs appellent la politique et la justice grecques à ne pas se laisser intimider par les menaces turques, et à accorder l'asile politique aux soldats.

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Protagon.gr (GR) /

La justice grecque doit décider en toute indépendance

Les juges ne doivent pas se laisser influencer par la politique, souligne le site d'information Protagon :

«On s'entend dire, comme d'habitude, que la justice décidera de manière indépendante. Encore faut-il que ceci se vérifie dans la pratique. La justice grecque sera une nouvelle fois tenue de prouver qu'elle est indépendante vis-à-vis des obligations et des objectifs du gouvernement. Qu'elle statuera uniquement sur la question de savoir si ces huit accusés politiques peuvent bénéficier d'un procès équitable [en Turquie], et si leur vie est menacée avant même que ne s'ouvre ce procès. Le gouvernement ne veut pas que la Grèce se transforme en terre d'asile pour les personnes persécutées par le régime d'Erdoğan. Il craint que cela ne pèse sur les relations bilatérales, ce qui est tout à fait compréhensible. Mais c'est le genre de risques qu'un pays démocratique doit accepter de prendre. »

Ta Nea (GR) /

Une extradition serait funeste pour les soldats

Un tribunal d'Athènes a approuvé en première instance la demande d'extradition de trois putschistes présumés présentée par Ankara. Le journal Ta Nea fait part de son indignation :

«Dans ce pays, quelqu'un doute-t-il encore que les individus concernés seront torturés, voire exécutés, s'ils sont extradés et que la Turquie rétablit la peine de mort ? ... Malgré tout, notre pays s'apprête, à l'initiative du gouvernement - comme le montrent les décisions judiciaires, à envoyer ces gens en enfer. ... La Grèce a connu une dictature par le passé ; elle garde un souvenir tragique de cette période de chaos et cette expérience a fait mûrir le pays. Il faut que la Grèce résiste aux pressions. Car le gouvernement turc ne s'expose à aucun péril si le droit d'asile de ces huit personnes devait être finalement respecté.»