Le parti fasciste slovaque pourrait être interdit

Le parti d'extrême droite L'SNS de Marian Kotleba pourrait devenir la première formation élue au Parlement slovaque à être frappée d'interdiction. L'ancien parti créé par Kotleba avait lui aussi été interdit et dissous. Cette interdiction serait justifiée sur le plan juridique, jugent les journalistes slovaques. Mais cela permettra-t-il de venir à bout des extrémistes, qui constituent aujourd'hui, selon les sondages, la troisième force politique du pays ?

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Sme (SK) /

Pire que Le Pen ou que le Jobbik

Parti clairement fasciste, ĽSNS doit être interdit, estime le quotidien Sme :

«Le parti affiche des sympathies évidentes pour le fascisme. Ses partisans célèbrent le régime 'clérical-fasciste' de la Slovaquie autonome [Etat satellite de l'Allemagne nazie lors de la Seconde Guerre mondiale], sont révisionnistes, calomnient les victimes de l'holocauste et attisent l'hostilité et la haine vis-à-vis des autres religions et groupes ethniques. ... Un tel parti, qui est bien pire que le Front National de Marine Le Pen en France ou bien que le Jobbik hongrois, n'a rien à faire en Slovaquie ou dans tout autre pays civilisé. C'était déjà le cas lors du premier mouvement créé par Marian Kotleba. Sa dissolution avait entraîné par la suite une 'stratégie marketing' moins virulente, le nouveau parti s'arrogeant l'étiquette 'antisystème'. ... Personne ne peut empêcher qu'un parti change de nom et se 'refonde'. Mais il est inadmissible de dissimuler une croix gammée sous un maillot neuf. Cette question ne peut souffrir aucun débat.»

Denník N (SK) /

Trouver de vrais arguments contre l'extrémisme

Qu'une interdiction du parti soit judicieuse ou non, il faut surtout combattre l'extrémisme au quotidien, rappelle Dennik N :

«Un parti créé par Kotleba avait déjà été interdit et dissous par le passé. Loin d'être un obstacle, ceci avait plutôt facilité son parcours vers le Parlement, via la présidence régionale. Cela ne peut certes pas servir d'argument contre l'interdiction du parti sollicitée par le Parquet. L'action du Parquet, de la police et du tribunal découle des lois, et non de considérations politiques. Et le parti bafoue manifestement la loi. Par ailleurs, le succès du parti aux élections n'est pas seulement lié à l'interdiction des entités qui l'ont précédé. ... Car si les partis au gouvernement avaient salué la mesure, ils avaient tout fait ensuite pour que cette idéologie survive au quotidien. Interdire les extrémistes semble être la solution la plus simple, mais elle ne sert pas à grand-chose. Combattre quotidiennement l'extrémisme est bien plus efficace.»