Le président polonais propose une réforme constitutionnelle

Le chef de l'Etat polonais, Andrzej Duda, a présenté un projet alternatif à la réforme de la justice controversée initiée par le gouvernement ainsi qu'une révision constitutionnelle. Ces propositions limiteraient les compétences du gouvernement dans la nomination des juges, et en conféreraient davantage au président. Les commentateurs critiquent cette initiative et y voient pour certains une attaque visant le chef de file du PiS, Jarosław Kaczyński.

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Gazeta Wyborcza (PL) /

Le président n'a aucune crédibilité

L'opposition ne devrait pas soutenir l'initiative de Duda, estime Gazeta Wyborcza :

«Rien ne dit dans la Constitution que l'on puisse tout bonnement gracier quelqu'un qui n'a pas encore été condamné en justice, que l'on puisse valider la nomination de juges constitutionnels alors que d'autres juges avaient déjà été nommés à la Cour [par le gouvernement précédent]. ... Et rien ne dit que le président doit être au service du chef de file du parti au pouvoir. Or Duda a gracié [le membre du PiS Mariusz Kaminski], il a avalisé la nomination [des juges élus de manière contraire au droit] et il est au service du chef de file du parti [Kaczynski]. L'opposition n'a aucun intérêt à doter le président de nouveaux privilèges et à accepter que ceux-ci soient ancrés dans la Constitution. Elle n'a pas non plus intérêt à soutenir une révision constitutionnelle proposée par un président qui bafoue sciemment la Constitution. En matière de Constitution, le président ne jouit d'aucune crédibilité.»

Newsweek Polska (PL) /

Une manoeuvre contre Kaczyński

L'alternative présentée par Duda posera des difficultés supplémentaires au chef de file du PiS au pouvoir, selon Newsweek Polska :

«En fin de compte, l'attaque de Duda est une manœuvre visant le responsable du parti [Jarosław Kaczyński]. ... Car elle retarde la tentative du parti de prendre le contrôle de la justice - la dernière pièce manquante dans sa volonté de mettre l'Etat sous tutelle. Si Kaczyński disposait d'une justice partiale, il pourrait tranquillement mener sa réforme des médias privés, annoncée de longue date, ou imposer sa révision du droit électoral, qui favoriserait le PiS. ... Si Duda refuse dorénavant de ratifier [les lois qui lui sont soumises par le gouvernement], le PiS préfèrerait remplacer ce président par un autre 'stylo bille' plus docile. Mais cela, Kaczyński, chef de l'Etat autoproclamé, ne peut pas le faire.»