Tusk critique sévèrement Varsovie

Un tweet du président du Conseil européen Donald Tusk a suscité l'ire du gouvernement polonais du PiS : sur son compte personnel, il se demandait dimanche si le Kremlin tirait les ficelles de la politique eurosceptique de la Pologne. Certains médias récusent sèchement la remarque de l'ex-Premier ministre polonais, membre du parti d'opposition PO.

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Gazeta Polska Codziennie (PL) /

Un tweet absurde

Gazeta Polska Codziennie juge risible l'accusation selon laquelle le PiS ferait le jeu de Poutine :

«Il y a trois jours, le Pentagone a fait part au Congrès américain de son projet de vendre le dispositif anti-missiles Patriot à la Pologne. L'objectif affiché : le renforcement de la sécurité de la Pologne, 'un allié de l'OTAN, qui était et demeure un facteur essentiel de la stabilité politique et du progrès économique de l'Europe'. Or deux jours plus tard, Donald Tusk écrivait sur Twitter : 'Attention ! Violente dispute avec l'Ukraine, isolement dans l'UE. Stratégie du PiS ou plan du Kremlin ? Trop semblables pour ne pas troubler notre sommeil'. La mise en place du dispositif Patriot en Pologne et le déploiement de soldats américains sont peut-être l'accomplissement des rêves de Moscou ?»

Duma (BG) /

La Russie, bouc émissaire idéal

Les politiques européens accusent la Russie d'être à l'origine de tous les problèmes de l'UE, critique le quotidien prorusse Douma :

«Les Russes, et plus particulièrement Vladimir Poutine, sont tenus pour responsables ces derniers temps de tout ce qui va de travers dans un monde occidental en apparence si bien ordonné. Les Russes ont fait élire Donald Trump, les Russes ont ourdi le Brexit, les Russes ont poussé les Catalans aux urnes et attisé l'hostilité vis-à-vis des réfugiés en Europe. ... Ces accusations sont absurdes mais efficaces, dans un monde où les gens gobent l'information sans la prémâcher. On brandit un épouvantail à la population pour être d'autant plus impitoyable par la suite envers l'ennemi présumé. »

Rzeczpospolita (PL) /

Ce tweet qui change tout

Le message sur Twitter de Donald Tusk marque son retour dans la politique polonaise, analyse Rzeczpospolita :

«On peut interpréter le tweet de Tusk en considérant que ce dernier s'est positionné symboliquement à la tête de l'opposition. Ce qui est certain, c'est qu'avec Tusk aux commandes, l'opposition devient un adversaire sérieux pour Jarosław Kaczyński. Mais Tusk doit être conscient qu'il a franchi le Rubicon. En sa qualité de président du Conseil européen, il est l'un des élus les plus importants de l'UE. A partir de maintenant, toutes ses déclarations au sujet de la Pologne peuvent être perçues comme les manœuvres d'un dirigeant potentiel de l'opposition. Et cela permettra aux politiciens du PiS de présenter l'UE comme une institution qui est axée sur les intérêts des adversaires du gouvernement actuel. Ce tweet change en réalité énormément de choses dans la politique polonaise.»

Polityka (PL) /

Tusk s'inquiète à juste titre

Le tweet de Donald Tusk montre à quel point la Pologne se trouve dans une impasse, juge Polityka :

«Si même Donald Tusk dans la position qu'il occupe commence à devenir hystérique, soit il est soûl lorsqu'il envoie ses tweets, soit nous sommes vraiment dans la mouise. ... La situation est en effet mauvaise. Aucun parti ne peut devenir un adversaire sérieux pour le PiS qui est en train de faire couler la Pologne. Le parti Nowoczesna [fondé en 2015] avec son agenda néolibéral n'est pas la bonne réponse aux besoins polonais pour mettre en place après des années de capitalisme déchaîné un Etat fort, ambitieux et social. La plate-forme civique PO sous la direction de Grzegorz Schetyna est presque morte, ne comprend pas ce qu'il se passe et ne prend peut-être même pas le temps de lire les analyses politiques. Elle n'a même pas assez d'énergie pour recharger une batterie de voiture.»