Juifs expulsés de Pologne : les excuses du président Duda

Le président polonais Andrzej Duda a demandé pardon aux victimes de la politique d'expulsion antisémite menée sous le régime communiste, tout en estimant que les Polonais d'aujourd'hui n'en étaient pas responsables. Des juifs figuraient parmi les leaders de la contestation estudiantine anticommuniste de 1968 - élément utilisé alors par la République populaire pour justifier ces expulsions. Les excuses de Duda sont-elles suffisantes ?

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Frankfurter Allgemeine Zeitung (DE) /

Un geste louable

Contrairement au Premier ministre Mateusz Mo­ra­wi­ecki, le président Duda a su trouver les mots justes, se félicite Frankfurter Allgemeine Zeitung :

«Mo­ra­wi­ecki - et presque toute la droite après lui - a beau jeu de dire que les Polonais n'ont rien eu à voir avec la chasse aux sorcières. C'est oublier que les leaders du parti étaient eux aussi Polonais, et que si la campagne a pu avoir un effet, c'est parce qu'elle s'appuyait sur un ressentiment fort répandu. ... Jeudi, le président An­drzej Du­da a montré comment procéder autrement et avec dignité : s'il a souligné lui aussi que la Pologne d'aujourd'hui n'était pas responsable des crimes de la dictature, il a néanmoins appelé les juifs chassés à pardonner cet 'acte honteux'.»

Rzeczpospolita (PL) /

Les propos de Duda sont insuffisants

Pour le quotidien Rzeczpospolita, ces excuses ne vont pas assez loin :

«Toute la question est de savoir comment cette campagne a pu se dérouler. Certains ont participé aux protestations organisées par les entreprises d'Etat. ... Certains se sont laissés contaminer. A voir aujourd'hui les commentaires antisémites haineux sur Internet et les déclarations de certains politiques, il n'est pas bien difficile de le comprendre. 'Ces deux derniers mois, j'ai compris combien il était aisé d'éveiller les démons antisémites en Pologne, même s'il n'y a quasiment aucun juif dans le pays', a déclaré l'ambassadrice israélienne Anna Azari à l'occasion du cinquantenaire des évènements de mars 1968. Nous en avons été les témoins. Et les politiques y ont contribué à nouveau.»