Forêt de Białowieża : la CJUE sanctionne la Pologne

La CJUE a estimé que la Pologne ne pouvait continuer à abattre des arbres, pour certains multiséculaires, dans la forêt primaire de Białowieża, donnant gain de cause à une plainte déposée par l'UE. Selon le jugement, la Pologne, qui a justifié les coupes de ces deux dernières années par une invasion de bostryches (insectes phytophages), aurait enfreint la législation environnementale européenne. Varsovie a indiqué qu'elle se conformerait à la décision. Les commentateurs s'étonnent de ce ton inhabituellement conciliant.

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Süddeutsche Zeitung (DE) /

La détermination porte ses fruits

Süddeutsche Zeitung espère que cette décision aura des effets positifs à plusieurs niveaux :

«Les juges pourraient non seulement sauver une forêt primaire unique en son genre, située à la frontière avec l'Ukraine et d'une superficie correspondant à presque deux fois celle de Berlin. Ils contribueraient aussi à redorer le blason de l'UE. Ses mécanismes sont souvent décriés, à juste titre, comme lents et peu efficaces. Or s'agissant de la forêt de Białowieża, l'UE montre qu'elle est capable de sévir. ... Varsovie avait tout d'abord passé outre une première décision de la CJUE. Le gouvernement a toutefois plié après la décision par le tribunal d'une astreinte journalière d'un montant de 100 000 euros. Peut-être est-ce là un modèle envisageable pour d'autres différends entre la Pologne et l'UE.»

Rzeczpospolita (PL) /

Céder pour limiter les dégâts

Rzeczpospolita explique pourquoi le PiS accepte sans broncher la décision de la CJUE :

«Le gouvernement ne ménage pas ses efforts pour trouver une solution au litige qui l'oppose à la Commission européenne. Suite à la crise avec les Etats-Unis et avec Israël engendrée par la loi IPN [interdisant d'établir une quelconque responsabilité de l'Etat polonais dans l'Holocauste], les dirigeants PiS ont décidé qu'il fallait trouver un terrain d'entente avec Bruxelles. ... Céder dans l'affaire de la forêt primaire est la solution la moins coûteuse. Des concessions sur le dossier de la réforme de la justice, que le PiS a déjà concédées, ont déjà un coût politique élevé. Lâcher du lest sur le troisième dossier brûlant - celui des réfugies - est hors de question. Le PiS croit qu'enterrer la hache de guerre avec Bruxelles pave la voie de la victoire aux élections de 2019.»