Accueil | Editoriaux | Faut-il punir le Portugal ?

Faut-il punir le Portugal ?

Le Portugal doit-il être sanctionné? La question n’est pas posée par un fan dépité de l’équipe de France après la victoire de la Seleçao à l’Euro de football, mais aux ministres des Finances de la zone euro, réunis lundi et mardi à Bruxelles. Lisbonne, tout comme Madrid, est sous la menace de sanctions de la Commission européenne car son déficit budgétaire a atteint 4,4 % du PIB en 2015 contre un objectif de 3 %. Ce dérapage s’explique en partie par le sauvetage de la banque Banif en décembre, c’est-à-dire en faisant endosser au contribuable, la dette privée d’une entreprise.

Pas d’hésitation pour le commissaire européen allemand, Günther Oettinger : «Nous devons prendre des sanctions contre l’Espagne et le Portugal», déclarait-il le 4 juillet. Ce qui est aussi l’opinion du président de l’eurogroupe, le Néerlandais Jeroen Dijsselbloem, ou du ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, dont les propos inamicaux à l’égard du Portugal ont provoqué une minicrise diplomatique entre Lisbonne et Berlin, fin juin.

Le Premier ministre de gauche au pouvoir au Portugal, Antonio Costa, élu sur la promesse d’en finir avec une austérité génératrice de pauvreté, estime qu’il serait «injuste de punir» son pays. Un avis partagé, lundi, par le ministre français des Finances, Michel Sapin, évoquant «les efforts monstrueux» consentis par le Portugal à travers «un ajustement extrêmement brutal». Ça tombe bien, Michel Sapin fait partie des ministres qui devront décider quel sort réserver à Lisbonne et Madrid. Les sanctions peuvent aller d’une amende (jusqu’à 2 % du PIB) au gel de subventions européennes.

Antonio Costa a mis en garde sur la montée d’un «sentiment antieuropéen» en cas de sanctions. Pourtant, la Commission européenne se fait un devoir, ces jours-ci, de marteler que «les règles doivent s’appliquer». Fussent-elles contre-productives en termes économique et dangereuses sur le plan politique en encourageant la montée des extrêmes. Mais pour l’exécutif européen présidé par Jean-Claude Juncker, tout se passe comme si le Brexit n’avait jamais existé. Face au mur, accélérons.

Fabien Grasser

Un commentaire

  1. The penalty is capped at 0.2% of PIB, not 2%.

    You exaggerated by factor 10.

PUBLIER UN COMMENTAIRE

*

Votre adresse email ne sera pas publiée. Vos données sont recueillies conformément à la législation en vigueur sur la Protection des données personnelles. Pour en savoir sur notre politique de protection des données personnelles, cliquez-ici.