Édito: En matière de dopage, le choix ne pouvait qu’être mauvais
En droit pénal, la sanction est nécessairement individuelle. C’est ce principe qu’a appliqué, dimanche, le Comité international olympique (CIO) en n’excluant pas des Jeux de Rio tous les sportifs russes appelés à y concourir. Un édito de Jean-Claude Matgen.
- Publié le 26-07-2016 à 06h46
- Mis à jour le 26-07-2016 à 06h51
Un édito de Jean-Claude Matgen.
En droit pénal, la sanction est nécessairement individuelle. C’est ce principe qu’a appliqué, dimanche (LLB du 25 juillet), le Comité international olympique (CIO) en n’excluant pas des Jeux de Rio tous les sportifs russes appelés à y concourir.
Beaucoup s’attendaient à une punition collective. Depuis qu’un rapport officiel a établi qu’en Russie le dopage est organisé à l’échelle de l’Etat et que les athlètes du pays ont été privés de JO, il semblait probable que tous les tenants russes de toutes les disciplines représentées aux Jeux seraient bannis.
Le CIO a choisi une autre voie. Depuis, certains l’accusent de s’être soumis aux volontés de Vladimir Poutine et d’avoir manqué une occasion de porter un coup fatal au fléau du dopage en faisant un exemple de nature à faire trembler tous ceux qui, d’un coin à l’autre de la planète, jouent avec la santé de leurs sportifs et avec l’éthique pour la gloire d’un régime.
Certes, en punissant toutes les élites olympiques russes, le CIO aurait lancé un signal fort mais il aurait aussi privé des innocents de la récompense de longs efforts. C’eût été injuste.
Quoi qu’il en soit, les fédérations sont désormais appelées à trancher au cas par cas. Elles devront le faire dans un délai intenable. De plus, les athlètes russes punis dans le passé mais ayant purgé leur peine ne pourront être du voyage alors que les sportifs d’autres nationalités dans le même cas pourront, eux, s’aligner. Tout cela est difficilement acceptable.
En vérité, le vrai scandale, c’est d’avoir laissé pourrir une situation dont on connaît l’ampleur et la gravité depuis des années. Le danger demeure donc grand de voir le dopage institutionnalisé survivre aux Jeux de Rio. En Russie comme ailleurs.