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Donald Trump aurait pu être président

Nous sommes passés à un cheveu de la catastrophe, ne l'oublions jamais

Donald Trump lors du premier débat présidentiel, le 26 septembre 2016. WIN MCNAMEE / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP
Donald Trump lors du premier débat présidentiel, le 26 septembre 2016. WIN MCNAMEE / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

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Donald Trump ne sera jamais président des États-Unis. Tandis que les révélations dévastatrices se succèdent, que grossit la liste des désaveux officiels et qu'il multiplie les menaces de s'en prendre à Hillary Clinton sur un plan effroyablement personnel, à un rythme qui dépasserait presque l'entendement, il n'en reste pas moins que Trump vient d'anéantir sa chance de devenir l'homme le plus puissant de la planète. Qu'on s'attende donc à voir d'ici peu les Républicains s'agiter pour sauver les meubles et la Trump TV passer (enfin) du rêve à la réalité. Mais il y a une chose que nous ne pouvons ni ne devons jamais oublier: voici encore quelques jours, il était parfaitement concevable que les États-Unis élisent aux plus hautes responsabilités le plus grand des périls que ce pays a pu connaître depuis des décennies.

Le danger que représente Donald Trump est, et a toujours été, double. Il dirige un mouvement sectaire, raciste et jouant sur les pires travers humains. Il promet des politiques – pour beaucoup sectaires et racistes – qui se révéleraient extrêmement dangereuses pour les États-Unis. Il a déversé sur le débat national des torrents de boue qui ne semblent pas vouloir mollir. Son mépris de la vérité – pour la science, pour le sens commun, pour l'honnêteté face à n'importe quel sujet – est ahurissant, même après dix-huit mois d'observation. Son autoritarisme, quoique surjoué pour consolider son personnage de gros dur, est bien réel et réellement effrayant. Si, demain, Donald Trump disparaît de la vie publique, beaucoup de ces phénomènes (et l'enthousiasme qu'ils ont pu susciter), beaucoup de ces constituants du «trumpisme», eux, seront toujours là. Même s'il se retire demain de la course à la présidence, impossible d'envisager l'avenir sans en tenir compte.

Reste qu'au-delà de son anti-démocratisme structurel ou des calculs atrocement mauvais que pourraient être ses politiques, il y a toujours eu un autre aspect à l'éventualité d'une présidence Trump. Soit, tout simplement, le fait que Donald Trump allait devenir président. Le soupe-au-lait, le corrompu, l'incompétent, le persécuteur, l'immature, le mentalement fragile, le gros plein de rage: toutes ces caractéristiques nous sautent aux yeux depuis plus d'un an. A la Maison Blanche, elles auraient été littéralement catastrophiques. Dire que Trump, par d'effroyables erreurs de jugement et par son manque patent de constance aurait pu faire basculer l'équilibre mondial n'a rien d'une exagération. Un être aussi exécrable et pernicieux ne devrait jamais se retrouver à la tête d'un pays doté de l'arme nucléaire et de l'armée la plus puissante de toute l'histoire humaine.

Néanmoins, le problème à considérer la candidature Trump d'un œil aussi mortellement sérieux a toujours été qu'en plus d'être un démagogue raciste, Trump est aussi un connard histrionique qui tweete à 3 heures du matin et adore se donner en spectacle. Ce qui fait que même lorsqu'il grimpait dans les sondages et que ses chances de victoire dépassaient les 40%, pour beaucoup, il restait une blague. La révélation, vendredi, de ses odieux propos sur les femmes, ajoute quelque part au phénomène. Mais regardez comme il est ridicule et vulgaire, ai-je entendu à plus d'une reprise. Aujourd'hui, on se dit qu'il allait forcément exploser en vol, et la chose a effectivement toujours été probable. Mais jamais pour autant certaine. Nous aurions pu l'élire.

Dire que la société américaine est profondément divisée (et malade) est un truisme, mais c'est aussi juste. Et il va sans dire qu'Hillary Clinton partage certains des pires défauts de l'élite et qu'elle dirigera une administration éthiquement problématique et inévitablement impopulaire. Redouter les conséquences de la candidature Trump et la persistance des forces qu'il a pu libérer tombe sous le sens. Mais prenons quand même le temps de réfléchir au fait qu'il ne sera pas président et que les États-Unis, et le monde avec eux, ont probablement évité une catastrophe d'une ampleur inconnue.

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