Edito : une bataille et une reconquête

La bataille qui s’engage pour libérer Mossoul de l’emprise de l’organisation Etat islamique est plus qu’un défi militaire pour l’Irak. C’est une reconquête, outre de son territoire, de son unité nationale. Et, jusqu’ici, rien ne montre que le gouvernement de Bagdad y parvient. L’Irak reprend le contrôle de ses villes mais avec quel horizon ?

Le nouvel Etat irakien, qui doit émerger dans l’après-Daech, ne peut se contenter d’être un Etat revanchard, tel qu’il l’est depuis la fin de l’occupation américaine. Un Etat où un gouvernement sous influence chiite - la confession majoritaire - iranienne a repris les rênes d’un pays longtemps soumis à un régime sunnite brutal et sanguinaire.

L’Etat irakien doit dépasser ses clivages et travailler enfin au développement d’une économie profitable au plus grand nombre de ses habitants, quelle que soit leur origine sociale, ethnique ou confessionnelle. L’identité nationale doit être la priorité de ses dirigeants. Ce qui demande un intense effort d’intégration, à tout le moins de respect de ses minorités. Et si le terme n’existe pas dans la Constitution, c’est précisément que son existence de facto doit disparaître. Tant que le pays des Deux fleuves restera sous la tutelle d’un pouvoir extérieur qui fait passer ses propres intérêts avant ceux du pays qu’il chaperonne, il restera faible.

L’Irak, bien qu’agrégat ethnique et confessionnel, est un riche producteur de pétrole. Il a donc les moyens de ses ambitions. Pour peu qu’il prenne sa destinée en main et la peine de se réformer, en suivant sa propre voie, ses propres intérêts, et en se tenant loin des intérêts partisans, y compris religieux ou dogmatiques. C’est ainsi qu’il trouvera la paix. Sans quoi, les démons qu’il aura chassés par la porte reviendront par la fenêtre. Plus forts et plus violents que jamais.