Publicité

C'est l'avenir de l'Occident qui s'écrit

Par Jean-Francis Pécresse

Publié le 9 nov. 2016 à 01:01Mis à jour le 6 août 2019 à 00:00

Dans le caniveau, parfois, brille le soleil. La campagne présidentielle américaine 2016 a certes vocation à finir dans les poubelles de l'Histoire, mais son vainqueur hérite d'une immense responsabilité. Une responsabilité qui n'est pas seulement celle d'une nation. Le nouveau locataire de la Maison-Blanche aujourd'hui comme, dans une moindre mesure, le prochain président français et, dans quelques mois encore, la chancelière allemande ou son successeur, tous auront la considérable mission de redonner confiance à l'Occident, de rétablir le leadership moral, intellectuel, économique et politique de sociétés apeurées ou révoltées quoiqu'elles représentent les démocraties les plus civilisées. C'est bien plus que l'avenir de grandes nations qui s'écrit sous nos yeux, c'est celui d'une civilisation tout entière. Le défi qui attend nos nouveaux dirigeants est ni plus ni moins de relever l'Occident de son déclassement dans l'ordre du monde. Un Occident dont le modèle politique est contesté par le monde arabo-musulman, où un islam théocratique vient affirmer que le gouvernement du peuple par le peuple ne vaut rien. Un Occident dont les économies sont bousculées, désorganisées, appauvries, parfois rachetées par les nouveaux géants asiatiques. Comment ne pas voir, en effet, que sur les deux rivages de l'Atlantique ce sont deux visages de cette même menace qui s'expriment ? Et qui pousse à choisir entre deux figures. Celle du vieux sage, technocrate ennuyeux mais compétent, qu'incarnent, avec toutes leurs différences, Hillary Clinton ou Alain Juppé. Et celle du révolté transgressif, à la manière d'un Donald Trump ou d'une Marine Le Pen. Dans nos pays respectifs, ces élections sont bien celles de la peur et de la colère. La peur du péril identitaire, et la colère face au déclin économique. Nous aurions bien tort, ici, de ne voir dans le « succès » de Trump qu'un avilissement exotique du matérialisme américain. L'angoisse du petit homme blanc, voué à être minoritaire aux Etats-Unis au mitan du siècle, fait écho à l'anxiété du « grand remplacement » en Europe, qu'exploitent les formations populistes du Vieux Continent. Et de même que là-bas, Donald Trump a ramené vers les urnes un peuple qui ne votait plus, Marine Le Pen n'a pas fini de réveiller une France silencieuse. Et il ne faut pas s'y tromper : en Amérique comme en France et en Allemagne, il faudra aux nouveaux élus une volonté et une légitimité hors-norme pour se défaire de ces ferments de désintégration désormais bien ancrés au coeur de nos sociétés que sont le multiculturalisme ou le communautarisme. Enfin, ce ne sera pas un moins grand défi pour l'Occident que de corriger le mouvement mondial de déplacement des richesses qui laisse à l'écart une part de plus en plus importante de la population. Lorsque, comme le souligne l'économiste de Berkeley Gabriel Zucman, la moitié des Américains n'ont pas vu leurs revenus progresser en termes réels depuis des décennies, il donne la mesure de la rancoeur que nourrissent les peuples occidentaux envers leurs dirigeants.

MicrosoftTeams-image.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres

Nos Vidéos

xqk50pr-O.jpg

Crise de l’immobilier, climat : la maison individuelle a-t-elle encore un avenir ?

x0xfrvz-O.jpg

Autoroutes : pourquoi le prix des péages augmente ? (et ce n’est pas près de s’arrêter)

qfkr8v3-O.jpg

La baisse de la natalité est-elle vraiment un problème ?

Publicité