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Référendum italien, présidentielle autrichienne : le pire n’est pas toujours sûr

Editorial. La démission du premier ministre Matteo Renzi, après son référendum perdu, n’ouvre pas forcément la voie du pire. L’Autriche l’a montré ce week-end.

Publié le 05 décembre 2016 à 12h45, modifié le 05 décembre 2016 à 18h34 Temps de Lecture 2 min.

Editorial. Rien n’est gagné, et le pire n’est pas inéluctable. C’est ainsi que l’on peut résumer ce week-end de double consultation électorale, en Autriche et en Italie. Rien n’est gagné en Autriche après la nette défaite du candidat d’extrême droite Norbert Hofer (FPÖ) face à l’écologiste Alexander Van der Bellen. Les élections générales prévues en 2018 seront décisives pour savoir à qui reviendra le pouvoir dans une Autriche où les deux principaux partis, les conservateurs et les sociaux-démocrates, sont fortement discrédités. Il n’empêche, les électeurs ont fait barrage à l’extrême droite.

Alexander Van der Bellen après sa victoire à l’élection présidentielle autrichienne, à Vienne, le 4 décembre.

En dépit d’inquiétudes identitaires et économiques – le pays accueille en proportion plus de réfugiés que l’Allemagne et se trouve à la peine économiquement –, l’Autriche n’a pas basculé dans le camp des démocraties illibérales d’Europe de l’Est. Il y a lieu de s’en réjouir.

A l’inverse, en Italie, le pire n’est pas certain, en dépit de l’échec cuisant infligé au premier ministre. Matteo Renzi a lourdement perdu son référendum sur la réforme des institutions, rejetée par six électeurs sur dix. Il en a tiré les conséquences en annonçant sa démission.

Dans cette affaire, deux sujets se sont télescopés. Le fond de la réforme d’abord : en réduisant le rôle du Sénat à la portion congrue, celle-ci mettait fin au bicaméralisme parfait hérité de la Constitution de 1948, qui donnait le même pouvoir au Sénat et à l’Assemblée pour éviter toute dérive autoritaire.

Couplée à un nouveau mode de scrutin qui accordait la majorité absolue des suffrages au parti arrivé en tête aux élections, cette réforme a suscité des interrogations légitimes. Elle risquait de donner trop de pouvoir à l’exécutif dans un pays qui a élu trois fois Silvio Berlusconi et pourrait faire de même avec l’ex-humoriste Beppe Grillo et son mouvement populiste 5 étoiles.

Recours à un gouvernement technique

S’y est ajoutée la forme : en liant son destin au résultat du référendum, Matteo Renzi l’a transformé en plébiscite. On peut comprendre la stratégie du premier ministre : l’ancien maire de Florence est arrivé au pouvoir en février 2014 par une intrigue de parti, et son équipe n’a pas été validée par le suffrage universel. Sa légitimité avait été renforcée par son succès aux élections européennes de 2014, mais M. Renzi en voulait plus. C’est l’échec.

Le premier ministre italien, Matteo Renzi, annonçant sa démission le 5 décembre, au Palazzo Chigi.

Les Italiens ont aussi sanctionné un exercice solitaire, voire brutal, du pouvoir de la part de M. Renzi, qui suscite auprès de ses amis de la gauche modérée une animosité puissante. S’y ajoutent des résultats économiques insuffisants, en dépit d’une réforme du marché du travail courageuse : les Italiens sont plus pauvres qu’ils ne l’étaient avant la crise financière.

En d’autres temps, cette chute de Renzi n’aurait été qu’une péripétie romaine. Las, les marchés financiers sont nerveux et les banques italiennes en mauvaise santé fragilisent l’euro. L’arrivée au pouvoir de Beppe Grillo serait une catastrophe, mais l’Italie n’en est pas là : il est impossible de convoquer rapidement des élections, faute d’un mode de scrutin électoral validé.

L’Italie devrait donc recourir à un gouvernement technique, comme ce fut le cas en 2011 avec Mario Monti, après la chute de Berlusconi, puis avec Enrico Letta, faute de majorité claire après les élections de 2013. Elle le fait trop souvent. C’est le symptôme d’un pays à la démocratie malade. Mais c’est à court terme la seule issue pour ne pas rebasculer dans l’inconnu.

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