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Test Pisa: une école très douée… pour trier

Si nos résultats sont faibles, c’est parce que notre système scolaire est au moins doué pour une chose : trier. Les forts avec les forts. Les faibles avec les faibles.

- Journaliste au service Politique Temps de lecture: 3 min

Vous, qui lisez cet article… Vous êtes un être exceptionnel. On veut dire : de plus en plus rare… Vous lisez cet article chez vous, au salon. La télé est froide. Elle dort, logée dans sa bibliothèque chargée de livres. Julie, votre ado, est à l’étage. Elle fait ses devoirs. Vous en êtes sûr. Et de toute façon, vous le contrôlerez. Il fait calme, chez vous. Et Julie est élève à la Bonne école.

A sept kilomètres de chez vous, c’est chez Jules. Et là, au salon, et comme tous les soirs, Cyril Hanouna tient le crachoir. Il n’y a pas de bibliothèque. Jules est dans sa chambre. Ou dieu sait où. Et Jules est élève à l’Institut machin.

Pas trop fait pour l’école, le Jules. Au départ, si, ça partait bien. Il était au Bon collège.

Et puis, très vite, une floche. L’échec. Et là, ils l’ont aiguillé vers l’Institut machin.

Vous qui lisez cet article, vous êtes content du Bon collège. Excellent bahut. On bosse dur. Tu suis ou tu sors. C’est le bon système. Les forts avec les forts. Les faibles avec les faibles. C’est logique. Si vous mélangez, le faible freine le fort et il fait baisser le niveau. Des experts prétendent que non : ils disent que, au contact du fort, le faible se bouge, se redresse, sans nécessairement gêner le fort.

Les experts sont piqués.

Vous qui lisez nos articles, vous venez de tomber des nues en découvrant les derniers résultats de l’enquête Pisa.

« Comment c’est possible d’être si nuls ? »

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Nos élèves ne sont pas plus nuls que les autres.

Nos professeurs ne sont pas moins bons que les autres.

Si nous clapotons en fond de cale, on le doit à quoi ? A qui ?

Nos résultats Pisa ne reflètent jamais que ce que nous sommes.

Et nous sommes une région de plus en plus duale. Avec, ici, une élite où la télévision, le soir, reste froide. Avec, là, et en mode croissant, une population qui a dur, très dur. Avec là, de plus en plus de familles où Jules, au lieu de faire comme Julie, est dieu sait où à faire dieu sait quoi. Des familles où l’argent manque. Où le livre n’existe pas. Où l’information a libéré le terrain au divertissement.

Si nos résultats sont faibles, c’est parce que notre système scolaire est au moins doué pour une chose : trier. Les forts avec les forts. Les faibles avec les faibles. Les premiers se stimulent. Les autres coulent ensemble. Aux faibles, bien parqués à l’Institut, on ne leur offre à voir aucun autre modèle que le leur. Pas de Julie pour tirer Jules vers le haut. Jules ne connaît que des Jules. Et il fait tout comme eux.

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6 Commentaires

  • Posté par test abonnement avec période gratuité test test abonnement avec période gratuité test, mercredi 7 décembre 2016, 10:21

    Article faux. Il y a un mélange voulu par le monde politique d'élèves doués et moins doués qui provoque un nivellement par le bas.

  • Posté par Lavenne Eric, mercredi 7 décembre 2016, 8:45

    Mais, je me veux optimiste ; car même le dit" aléatoire" évoqué ici bas démontre toujours des tendances qui au final peuvent s'avérer à croissance positive . Quant au tri " évoqué " ci dessus il est l'évidence dans les établissements prétendus " élitistes" mais je suis au regret de vous signaler qu'il se produit également de manière "inconsciente" dans l'enseignement dit "public".

  • Posté par Lavenne Eric, mercredi 7 décembre 2016, 8:33

    La maîtrise de la langue française est chose indispensable ; mais existe une évidence incontournable, on y arrive de plus en plus péniblement. Il existe certes à cela des explications aussi nombreuses que réelles . Mais au final le but à atteindre (la dite maîtrise) commence à relever de "l'aléatoire"

  • Posté par Monsieur Alain, mercredi 7 décembre 2016, 8:05

    Personne ne peut condamner ainsi des parents (tous les parents ?) qui veulent le meilleur pour leurs enfants. Une prof de l'Athénée Fernand Blum (Schaerbeek) a bien ciblé (sur la RTBF) un problème récurrent : la maîtrise de la langue française, point de passage obligé à l'acquisition des programmes scolaires. Les parents au "téléviseur froid" ne font que s'adapter à la réalité socio-économique en Communauté Française.

  • Posté par D.s.i. , mercredi 7 décembre 2016, 8:44

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