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Thomas Piketty : « Vive le populisme ! »

Le populisme est une réponse au sentiment d’abandon des classes populaires des pays développés. Le traiter avec dédain risque d’occulter la question de fond.

Publié le 14 janvier 2017 à 06h37, modifié le 14 janvier 2017 à 12h34 Temps de Lecture 4 min.

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La Commission européenne à Bruxelles.

Par Thomas Piketty, directeur d’études à l’EHESS

Dans moins de quatre mois, la France aura un nouveau président. Ou une présidente : après Trump et le Brexit, on ne peut pas exclure que les sondages se trompent une fois de plus, et que la droite nationaliste de Marine Le Pen s’approche tout près de la victoire. Et même si le cataclysme est évité cette fois-ci, il existe un risque réel qu’elle parvienne à se positionner comme seule opposante crédible à la droi­te libérale pour le coup suivant. Du côté de la gauche radicale, on espère bien sûr le succès de Jean-Luc Mélenchon, mais ce n’est hélas pas le plus probable.

Ces deux candidatures ont un point commun : elles remettent en cause les traités européens et le régime actuel de concurrence exacerbée entre pays et territoires, ce qui séduit nombre de laissés-pour-compte de la mondialisation. Elles ont aussi des différences essentielles : en dépit d’une rhétorique clivante et d’un imaginaire géopolitique parfois inquiétant, Mélenchon conserve malgré tout une certaine inspiration internationaliste et progressiste.

Il faut s’appuyer sur les éléments populistes les plus internationalistes pour construire des réponses précises à ces défis

Le risque de cette présidentielle, c’est que toutes les autres forces politiques – et les grands médias – se contentent de fustiger ces deux candidatures et de les mettre dans le même sac en les qualifiant de « populistes ». Cette nouvelle insulte suprême de la politique, déjà utilisée aux Etats-Unis avec le succès que l’on sait face à Sanders, risque une fois de plus d’occulter la question de fond.

Le populisme n’est rien d’autre qu’une réponse confuse mais légitime au sentiment d’abandon des classes populaires des pays développés face à la mondialisation et la montée des inégalités. Il faut s’appuyer sur les éléments populistes les plus internationalistes – donc sur la gauche radicale incarnée ici et là par Podemos, Syriza, Sanders ou Mélenchon, quelles que soient leurs limites – pour construire des réponses précises à ces défis, faute de quoi le repli nationaliste et xénophobe finira par tout emporter.

L’erreur du traité budgétaire européen de 2012

C’est malheureusement la stratégie du déni que s’apprêtent à suivre les candidats de la droite libérale (Fillon) et du centre (Macron), qui vont défendre tous deux le statu quo intégral sur le traité budgétaire européen de 2012. Rien d’étonnant à cela : l’un l’a négocié et l’autre l’a appliqué.

Toutes les enquêtes le confirment : ces deux candidats séduisent avant tout les gagnants de la mondialisation, avec des nuances intéressantes (cathos contre bobos) mais finalement secondaires par rapport à la question sociale. Ils prétendent incarner le cercle de la raison : quand la France aura regagné la confiance de l’Allemagne, de Bruxelles et des marchés, en libéralisant le marché du travail, en réduisant les dépenses et les déficits, en supprimant l’impôt sur la fortune et en augmentant la TVA, alors il sera bien temps de demander à nos partenaires de faire un geste sur l’austérité et la dette.

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