Fans de Trump
Par François Vidal
Depuis l'élection de Donald Trump, les investisseurs ne touchent plus terre. A Wall Street, l'euphorie est telle que le Dow Jones vient de franchir le cap stratosphérique des 20.000 points pour la première fois de son histoire ! Les marchés croient, en effet, dur comme fer que le programme de relance budgétaire promis par le nouveau président permettra de doper l'activité économique à coups de grands travaux et de baisses d'impôts massives. De quoi justifier à leurs yeux une hausse future des profits des entreprises et donc des actions. De quoi aussi prendre opportunément le relais des banques centrales, au moment où la Fed, la première d'entre elles, commence à organiser la fin de l'ère de l'argent facile et gratuit.
Le problème, c'est que cette vague d'optimisme ressemble à s'y méprendre à une de ces bouffées d'exubérance irrationnelle, dont les investisseurs se sont fait une spécialité. Car elle ne tient compte d'aucun des facteurs qui pourraient faire dérailler le scénario rose qu'ils ont en tête. De l'instabilité géopolitique actuelle à l'issue incertaine des élections qui vont ponctuer l'année en Europe, en passant par le risque terroriste, les aléas « naturels » sont pourtant nombreux. Et c'est sans compter sur les menaces que Donald Trump fait lui-même peser sur l'économie mondiale. A travers ses projets de relèvement des tarifs douaniers, d'abord, dont les conséquences sont évidemment difficiles à quantifier aujourd'hui, mais qui pourraient être dévastateurs s'ils devaient aboutir à une guerre commerciale avec la Chine. A travers, aussi, les effets induits de sa politique budgétaire. La renaissance du dollar fort en est un premier exemple, dont on ne mesure pas encore l'impact. Le retour d'une inflation significative et la remontée accélérée des taux pourraient rapidement en être les suivants. De quoi tuer dans l'oeuf, en tout cas, le rêve des investisseurs et provoquer un brutal réajustement des marchés.
François Vidal