La recomposition politique française et l’inconnue du quadrige

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Ce pourrait n’être qu’une tentative de plus, la énième de la part de François Bayrou qui, à chaque élection présidentielle, a parié sur la recomposition du paysage politique français. En vain. Sauf que cette fois, il a un peu plus de chances que jamais.

La vie politique du pays s’est, pendant des dizaines d’années, structurée autour de deux grands pôles, droite et gauche, dominés chacun par une grande formation politique : les héritiers du gaullisme accompagnés d’un centre plus ou moins fort d’un côté, et les socialistes appuyés par un Parti communiste déclinant de l’autre. Cet affrontement bi-partisan, qui a presque toujours trouvé sa traduction dans la bataille suprême des seconds tours de l’élection présidentielle, s’est peu à peu transformé en tripartisme avec l’avènement (2002) puis la montée en puissance du Front national. Incapable de parvenir seul au pouvoir, le FN a néanmoins permis que s‘exprime publiquement et fortement un corpus d’idées anti-européennes, anti-globalisation, anti-élite. Le tout résumé dans un obscur concept, l’anti-système, qui s’est propagé un peu partout, et en particulier à gauche où on le retrouve solidement ancré chez Jean-Luc Mélenchon, mais aussi en partie chez Benoît Hamon, virulent contempteur de l’Europe de « l’austérité ».

C’est cet attelage à trois qui est –peut-être—en train de se transformer en quadrige : une extrême droite, une droite républicaine, un centre gauche social-démocrate et une gauche protestataire, ces deux derniers pôles se partageant les dépouilles d’un Parti socialiste déchiré.

C’est là, bien sûr, le pari du nouveau tandem Macron-Bayrou : faire gagner la social-démocratie. Il est jouable à l’élection présidentielle, mais porteur d’infiniment plus de risques aux législatives. C’est toute l’ambiguïté de cette démarche : croire que, de quatre forces à peu près comparables peut sortir une majorité.

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