Si, la France est réformable…

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« La France est un pays irréformable. Mais nous ne proposons pas de le réformer. Nous proposons une transformation complète, radicale » : cette phrase choc, prononcée par Emmanuel Macron dès le début de la présentation de son programme électoral, dit tout de ce qu’il ferait s’il était élu président de la République. Prise au pied de la lettre, elle sonne d’abord comme un aveu d’impuissance, une abdication préalable devant la difficulté à gouverner. Prise dans son entier, elle pourrait passer pour un jeu de mots, une pirouette, une simple habileté politique pour qui se voit déjà en marche vers le pouvoir et ne veut surtout choquer personne.

En réalité, c’est davantage que cela : transformer, c’est « rendre quelque chose différent, le faire changer de forme, d’aspect ». Alors que, toujours selon le Larousse, réformer c’est beaucoup plus : c’est « changer en mieux, corriger ». Il y a, à l’évidence, un abîme d’ambition entre ces deux verbes.

Le Macron ministre de l’Economie, réformateur proclamé et champion du volontarisme politique, est donc devenu un candidat à l’Elysée adepte de la prudence dans l’expression et de la modération dans le programme. On le connaissait prêt à bousculer une vision datée du monde de l’entreprise, à revamper le rapport à l’Etat, à secouer la fonction publique, à rénover le Code du Travail, à assumer une étiquette de libéral. On le retrouve converti à la prudence, mère de toutes les demi-mesures. Il a beau assurer que la transformation sera « complète, radicale », la liste des promesses énoncées signifie le contraire. Et si les intentions peuvent être bonnes, leur traduction concrète est souvent loin du compte.

Est-il le fils de François Hollande, le petit-fils de Jacques Chirac ? L’un et l’autre, sous prétexte de ne pas brusquer la France, ont échoué dans leur mission.

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