TRIBUNE. Les 22 et 29 janvier, les citoyens de gauche sont allés voter aux primaires citoyennes visant à désigner un candidat unique de la gauche et des écologistes pour l’élection présidentielle. Ils se sont pliés à l’exercice démocratique dûment organisé par la – bien mal nommée – « Belle Alliance populaire » pour désigner, par leur vote, un candidat supposé représenter les valeurs majoritaires parmi le peuple de gauche. Ils sont allés voter, confiants, deux dimanches d’affilée – pourtant il faisait froid ! – en partant du principe que la règle de base de toute primaire serait respectée : le candidat issu de ce scrutin allait bénéficier du soutien du Parti socialiste, qui mobiliserait son appareil pour le porter vers une possible victoire.
Ils ont désigné, très largement – à près de 59 % –, Benoît Hamon. Ils l’ont choisi parce qu’ils souhaitaient une gauche verte, une gauche de l’empathie et de la tolérance, une gauche féministe, une gauche qui propose des solutions nouvelles pour notre avenir et celui de nos enfants. Bref, une gauche de la modernité et du changement. Et le soir de sa désignation, ils ont cru un instant que les ego et les calculs s’effaceraient face au choix démocratique d’un peuple.
Nous avons toutes et tous cru – que nous ayons voté ou non à la primaire, que nous ayons soutenu ou non Benoît Hamon – que le jeu démocratique serait respecté. Naïfs que nous étions ! Aujourd’hui, vous opposez au choix des urnes au mieux un silence assourdissant ou une moue circonspecte, au pire un soutien à un autre candidat. Ce mépris total que vous opposez au vote citoyen est intolérable.
Endiguer le spectre de la haine et du repli
Parce que Benoît Hamon n’incarne pas le « réformisme » que vous prônez, vous seriez en droit d’écarter d’une pichenette l’opinion exprimée par près de 1,2 million d’électeurs de gauche ? Parce que la gauche de Benoît Hamon est celle des espoirs les plus grands, vous le qualifiez de doux rêveur, vous infantilisez ses électeurs ? Parce qu’il propose des réformes audacieuses, parce qu’il ose l’alliance avec les écologistes, vous osez le qualifier de « dangereux » ? Parce que les sondages nourrissent encore tous vos calculs, bien qu’ils aient maintes fois, ces derniers temps, prouvé leur incapacité à décrypter les comportements électoraux, vous agitez le spectre de la menace du Front national pour justifier votre désaveu ?
Notons qu’il est franchement paradoxal qu’au nom de grands principes démocratiques, vous choisissiez aujourd’hui de fouler aux pieds le principe même du vote démocratique qui a formellement désigné Benoît Hamon comme le candidat de toute la gauche et des écologistes.
Il vous reste 48.92% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.