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« Le vrai patriote, c’est l’Européen »

La campagne présidentielle affiche une certaine défiance vis-à-vis de l’Union européenne. Or, explique Arnaud Leparmentier, éditorialiste au « Monde » dans sa chronique hebdomadaire, le vrai moyen de défendre la France, c’est de soutenir l’Europe.

Publié le 05 avril 2017 à 06h41, modifié le 05 avril 2017 à 11h20 Temps de Lecture 3 min.

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Un bulletin pour le «non» au référendum sur la Constitution européenne de mars 2005.

CHRONIQUE. On a écarquillé les yeux, refait ses comptes. Sur les onze, ils sont dix. Dix candidats à avoir voté non, soit à Maastricht, soit lors du référendum de 2005. Le Pen, Dupont-Aignan, Mélenchon, Hamon, les trotskistes Poutou et Artaud, les souverainistes Cheminade et Asselineau se sont opposés à la Constitution européenne, tandis que le MoDem Lassalle s’abstenait au Parlement lors du vote préalable au référendum. Fillon, lui, vota non à Maastricht comme son mentor Philippe Séguin. Seul reste Macron. Ces candidats incarnent-ils la France de demain ou la protestation d’hier ? Notre diagnostic est vite réalisé : l’euroscepticisme était à la mode l’an dernier. Il est aujourd’hui ringard.

Bien sûr, les augures semblent défavorables : les candidats antieuropéens font la moitié des intentions de vote, et le parti proeuropéen déclaré un quart seulement – le vote Hamon et Fillon étant mixte. Si le duel Macron-Le Pen se confirme, le second tour de la présidentielle devrait se transformer en un référendum à haut risque sur l’Europe. Le danger, dans cet affrontement société ouverte - société fermée, est d’avoir in fine une cassure de classe dans tout le pays : les élites privilégiées et mondialisées contre l’électorat populaire découragé. Et une fausse lecture de l’Europe, accusée d’être le cheval de Troie d’une mondialisation sauvage alors qu’elle est la seule à pouvoir la tempérer.

Faire face au trumpoutisme

Il convient d’abord d’ouvrir les yeux sur la nation : quelle utilité et quelle protection ? Nous connaissons un « choc de civilisation », pour reprendre l’expression prophétique de Samuel Huntington : le défi de l’islam politique et l’angoisse identitaire mettent à l’épreuve tous les pays européens, que leur modèle soit communautaire comme celui des Britanniques ou intégrationniste comme pour les Français. Mais les nations n’ont pas grand-chose à voir dans l’affaire.

Second défi, la victoire de Donald Trump, premier président américain résolument antieuropéen, conjuguée aux tentatives de déstabilisation continentale de Vladimir Poutine. Ce n’est certainement pas la dissuasion nucléaire ou son siège permanent au Conseil de sécurité des Nations unies qui permettront à la France, seule, de répondre à ces menaces. L’exemple du Royaume-Uni, île dévaluée à la dérive depuis qu’elle a activé l’article 50 pour sortir de l’UE, montre qu’à choisir le grand large on peut finir par boire la tasse.

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En réalité, le trumpoutisme menace l’Europe d’un nouveau Yalta, le pacte russo-américain qui coupa en deux l’Europe pendant quarante ans. Et les deux dirigeants tentent de récréer une question allemande : Poutine en déstabilisant les pays de l’Est et en infiltrant les esprits nationalistes français ; Trump en tentant de détruire le modèle économique allemand fondé sur l’ouverture. Et il se trouve que les candidats antieuropéens tombent à pieds joints dans le piège : trumpistes en économie, poutinistes culturellement et en politique étrangère. Avant tout, antiallemands, comme si le recroquevillement français allait offrir force et prospérité.

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