Prononcé dimanche par ­Marine Le Pen, le propos affirmant que « la France n’est pas responsable du Vél’ d’Hiv » constitue, au sens strict, une régression. La présidente du Front national et candidate à l’élection présidentielle en revient au discours qui prévalait en France de Charles de Gaulle jusqu’à François Mitterrand. En 1995, ce fut Jacques Chirac qui rompit avec l’idée selon laquelle la France ne pouvait être accusée des crimes du régime de Vichy. Il affirmait alors : « La folie criminelle de l’occupant a été secondée par des Français, par l’État français. (…) La France, ce jour-là, accomplissait l’irréparable. »

Ce refus d’examen de conscience historique – qui fut aussi celui de son père –, Marine Le Pen le justifie ainsi : « La France a été malmenée dans les esprits depuis des années. Je veux que nos enfants soient à nouveau fiers de la France. » Mais une véritable fierté peut-elle être fondée, un tant soit peu, sur le mensonge ? La France n’est pas une entité ontologique. Son histoire a été faite par des hommes et par des femmes. Durant la Seconde Guerre mondiale, certains d’entre eux ont collaboré avec l’occupant nazi, d’autres ont manqué de courage.

Mais il y a eu aussi d’autres Français, nombreux, qui ont résisté ou qui ont simplement fait preuve d’un minimum de solidarité humaine. Et cela a permis aux trois quarts des juifs de notre pays d’échapper à l’extermination, un des taux les plus élevés parmi les pays occupés par l’Allemagne. Reconnaître que des Français ont fauté, c’est en réalité se donner la liberté d’affirmer que d’autres ont fait honneur à l’humanité et à leur pays.