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Présidentielle: la dernière chance de la démocratie française

Les Français ont fait leur révolution, balayant les partis et les hommes politiques traditionnels.

- Editorialiste en chef Temps de lecture: 4 min

Un duel inédit et un choc de modèles. Voilà ce que les Français ont choisi pour le deuxième tour de l’élection présidentielle. Ce dimanche, ils ont fait leur révolution, balayant, à la Trump, les partis et les hommes politiques traditionnels, de gauche comme de droite, pour mettre face à face deux personnalités hors système.

Les deux grands partis qui ont fait la colonne vertébrale de la politique hexagonale depuis des décennies, le PS et Les Républicains, sont hors jeu, le premier est en passe d’imploser et le second ne sait plus vers où aller. Cette situation est historique tout comme celle qui place d’un côté, un jeune homme (39 ans !) sans expérience de la politique, sans parti, qui a refusé de choisir entre la gauche et la droite, et ne s’était jamais présenté à aucune élection avant cette présidentielle, et de l’autre une femme incarnant les valeurs et l’héritage de l’extrême droite, considérée comme l’ennemie de la démocratie mais auquel un électorat croissant permet pour la deuxième fois d’accéder au deuxième tour d’une élection présidentielle, en franchissant – c’est historique aussi – la barre des 20 %.

Inconnu total il y a quelques mois à peine, Emmanuel Macron vient de réussir une prouesse politique sans précédent en France, d’autant plus grande qu’il a pu imposer dans un pays dépressif et en colère – la France « contre » –, un discours « pour », que ce soit l’Europe, la globalisation, la libéralisation de l’économie, le multiculturalisme, jugé par certains comme fatalement impopulaire.

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Cela va-t-il lui permettre d’accéder à la Présidence et de battre le Front National, ce parti qui a fait de la défense du peuple, de la revendication de l’identité et du retour à la Nation, contre l’Europe, son moteur? Le duel entre le perdreau de la politique démocratique française et la pro du combat politique extrême, va opposer non seulement deux personnalités charismatiques, deux conceptions des valeurs démocratiques mais aussi deux modèles de sociétés, proposant deux choix très clairs pour le futur de la société française. Le philosophe Vincent De Coorebyter nous le disait ce week-end : le duel Macron-Le Pen a le mérite de permettre une clarification et de sortir des caricatures, car il s’articule sur deux logiques. « Macron est l’homme de l’avenir heureux, de l’adaptation réussie de la France au XXIème siècle, tandis que Le Pen est la grande nostalgique de la France d’avant. Si le premier l’emporte à deux tiers face à Le Pen, cela remettra la désespérance de la France à sa juste mesure. »

Si le combat idéologique et de tempéraments entre les deux prétendants s’annonce intense et virulent – il va passionner l’électeur français qui a montré hier son désir de politique en votant massivement –, Emmanuel Macron va bénéficier d’emblée d’un accessit pour la présidence via le front républicain qui se dessinait dès hier soir en sa faveur (Mélenchon excepté).

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Mais pour beaucoup, le véritable défi électoral du leader d’un mouvement aux contours si peu précis, sera le fameux troisième tour, celui des législatives. Comment transformer un engouement pour le positivisme et le jeunisme d’un homme sans « casier » politique et entraves partisanes, en une adhésion à une nouvelle forme de gouvernement ? Une gageure alors que le PS et les Républicains n’auront de cesse de se refaire un futur en faisant la peau à ce blanc bec qui a bousculé leurs quilles.

Personne n’a pourtant intérêt aux querelles partisanes entre partis démocratiques. S’il accède au pouvoir comme on le lui prédit, Emmanuel Macron aura 5 ans, pour faire sortir la France de la dépression politique et économique, sous peine sinon de signer le retour des populistes et des extrémistes en 2022. Comme l’a écrit le politologue Roland Cayrol, celui qui en 2017, empêche l’extrême droite de monter au pouvoir, aura entre ses mains, la dernière chance de la démocratie française.

Ces deux batailles, 2017 et 2022, Macron peut les gagner s’il montre très vite sa capacité à poser des actes positifs

Ces deux batailles, 2017 et 2022, Macron peut les gagner s’il montre très vite sa capacité à poser des actes positifs. S’il veut éliminer pour de bon les populistes du spectre politique et réconcilier cette France qui sortira fracturée du second tour, Macron a intérêt à contrer dès aujourd’hui la petite musique que chantent les extrémistes à l’oreille du peuple qui a peur de la mondialisation et de l’Europe, en les assurant de mesures optimistes qui garantissent l’égalité économique, la justice sociale, fiscale et le développement durable. C’est la seule mais vraie leçon à tirer de l’engouement suscité par Jean-Luc Mélenchon : la possibilité d’un rêve.

 

Le journal de ce lundi 24 avril

Notre édition spéciale sur les résultats du premier tour de la présidentielle.

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12 Commentaires

  • Posté par Kervyn Maïa, samedi 29 avril 2017, 15:18

    Mais Béatrice de quelles valeurs démocratiques parles-tu concernant MLP? Lepen n'est pas nostalgique de la France d'avant mais de la france nazie, ce n'est pas du tout la même chose. Le dit-on assez? Nathalie Crame

  • Posté par Lavenne Eric, lundi 24 avril 2017, 12:25

    Afin de se faire élire ,ou afin d'être élu , ON se fait pas mal d'amis ; mais une fois ,au pouvoir et des décisions prises; les problématiques surgissent. Enfin !! Qui sait (perso.je préfère encore ignorer, la ou les suites à moyen terme )

  • Posté par Petitjean Charles, lundi 24 avril 2017, 11:28

    Avec Macron, c'est la finance qui gagne : les bourses asiatiques et européennes sont en forte hausse et l'euro a gagné deux % sur le dollar. C'est "Rossel" qui doit être content. Youpi !

  • Posté par Le Carré Jean-yves, lundi 24 avril 2017, 10:58

    "un discours « pour », que ce soit l’Europe, la globalisation, la libéralisation de l’économie," puis plus loin : "en les assurant de mesures optimistes qui garantissent l’égalité économique, la justice sociale, fiscale et le développement durable." C'est à dire à peu près l'exacte antinomie ! On joue à quoi chez "lesoir" : le retour des bisounours ou je suis schizo mais je me soigne ?

  • Posté par Petitjean Charles, lundi 24 avril 2017, 11:44

    La macronite aiguë ne se soigne pas, elle résiste à toutes les thérapies !

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