Accueil des réfugiés: On ne peut jamais confisquer les valeurs

Jamais, à aucun prix, on ne peut mettre en cause nos valeurs fondamentales pour gagner les faveurs d’une opinion publique. L’édito de Béatrice Delvaux.

Editorialiste en chef Temps de lecture: 3 min

Notre sondage confirme le sentiment : 66 % des personnes interrogées estiment que la Belgique accueille trop de demandeurs d’asile, tandis que 52 % pensent que les réfugiés vont poser problème à notre façon de vivre.

Les arguments rationnels permettent peu, pour l’instant, d’apaiser ces craintes. L’absence actuelle d’efficacité des mesures prises au niveau européen est, elle, cruelle car elle nous prive de la seule bonne solution : une politique commune européenne.

La « jungle » de Calais est un très bon exemple. La Belgique a raison de s’inquiéter des répercussions sur la Côte belge du débordement de réfugiés à bout de nerfs car dans l’impossibilité de rejoindre la Grande-Bretagne. Mais, objectivement, que peuvent, isolément, Charles Michel et son homologue français Manuel Valls, sinon s’envoyer des courriers ou construire des digues sur leur frontière commune ? Et même s’ils s’y mettent à deux ? On le sait, seule une solution d’ensemble européenne, coordonnée et appliquée par tous, permettra de « vider » Calais, qui n’est pas un problème français, mais européen.

Limites claires

Si l’envie d’habiter le vide actuel de solutions vraiment efficaces est compréhensible et souvent urgente, vu la sensibilité forte des citoyens, elle a cependant des limites claires, qui viennent d’être franchies au Danemark. On peut ainsi tenter des solutions, mais on ne peut jamais, à aucun prix, mettre en cause nos valeurs fondamentales et les piliers moraux de l’action publique pour gagner les faveurs d’une opinion publique, en jouant sur ses instincts. On ne fait jamais impunément sortir les ressorts – démons – racistes de leur boîte.

Et personne n’est à l’abri aujourd’hui : gauche comme droite sont en fait capables de ces gesticulations symboliques qui flattent les réflexes d’extrême droite pour, sur le fond, zéro efficacité. On l’a vu.

« Le populisme, c’est le populisme »

Louis Michel a raison : la confiscation des biens des réfugiés décidée par les Danois à une écrasante majorité rappelle les moments les plus sordides de notre histoire. Mais, sans évoquer les camps de concentration, qu’aurait-on dit si nos aïeux fuyant les nazis, s’étaient vu, une fois arrivés en France, en Grande-Bretagne ou aux Pays-Bas, dérober leurs bijoux, vaisselles et argent emportés à la hâte avant de monter sur les chariots de l’exode ?

C’est encore Louis Michel qui le dit (le hurle) : « Il n’y a pas un populisme vertueux, acceptable et un autre. Le populisme, c’est le populisme. » Avis à tous ceux qui, en Belgique aussi, seraient tentés d’y succomber. Personne, en Europe, ne peut agir en se revendiquant de la civilisation des Lumières et contribuer à les éteindre. C’est de la confiscation de valeurs.

 

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