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Can Dündar : « La couronne qu’Erdogan s’est offerte est en toc »

Le président s’est octroyé les pleins pouvoirs par la fraude, mais le peuple refuse de se soumettre, analyse le journaliste Can Dündar.

Le Monde

Publié le 15 juillet 2017 à 10h36, modifié le 15 juillet 2017 à 10h36

Temps de Lecture 6 min.

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Can Dündar, le 7 octobre 2016.

Dans la nuit du 15 juillet, alors que les chasseurs turcs bombardaient le palais présidentiel, je savais que nous serions les vaincus quel que soit le vainqueur. Deux options, l’une encore pire que l’autre, nous attendaient. Si les putschistes réussissaient, nous nous serions retrouvés avec un gouvernement militaire. Et s’ils perdaient, un Etat policier…

Il n’y avait pas de doute que, si Erdogan était renversé, les militaires qui lui auraient succédé auraient instauré une nouvelle dictature. Nous ne pouvions tout de même pas attendre la démocratie d’une mentalité qui tolérait le pilonnage de l’Assemblée nationale !

D’un autre côté, si Erdogan échappait à ce coup d’Etat, il renforcerait ses pouvoirs et lancerait une chasse aux sorcières en reprochant à tous ses opposants d’être des putschistes.

« Aucun dirigeant n’a disposé d’un tel privilège dans l’histoire de la Turquie, pas même Atatürk…  »

C’est effectivement ce qu’il s’est passé. Grâce à la sournoiserie politique qu’il a mûrie au fil des ans, Erdogan a transformé le putsch qui prévoyait de le renverser en un contre-coup d’Etat dont l’objectif était de le maintenir au pouvoir à jamais. Il a écrasé le putsch en ­appelant ses partisans à descendre dans les rues. Et il a réussi à tourner à son avantage ce climat d’« union nationale » qui s’est créé là en faveur de la démocratie. Il a proclamé « putschiste », « traître » et « terroriste » tous ceux qui s’y sont opposés. Il a instrumentalisé cette mobilisation dans le cadre du référendum constitutionnel pour mener campagne en faveur du oui. Au final, il s’est offert une position qui lui permettait de régner sur le gouvernement, le Parlement, la justice, la bureaucratie, les médias, les universités, l’armée, la police, bref, sur toutes les institutions étatiques.

Aucun dirigeant n’a disposé d’un tel privilège dans l’histoire de la Turquie, pas même Atatürk… C’est un acte de despotisme que l’on peut rencontrer dans les dictatures. C’est un pas constitutionnel qui a été franchi vers un régime ­dirigé par un seul homme, une seule idéologie et un seul parti.

Arrivée de la « marche pour la justice », à Istanbul, le 9 juillet.

Or, la vérité est que la couronne qu’Erdogan s’est offerte est en toc. Car – il est le premier à le savoir – il a perdu le référendum. Et pour pouvoir changer ce résultat, il s’est vu obligé de recourir à la fraude électorale, chose que personne n’avait osé faire en Turquie depuis 1946, et à intervenir dans les urnes au dernier moment.

Lorsque le front du non, celui qui se verrait plus tard dérober sa victoire au référendum, est descendu dans les rues, Erdogan a proclamé l’état d’urgence le 20 juillet. Ça, c’était son coup d’Etat à lui ! En écartant le Parlement et l’appareil judiciaire, il pouvait désormais ­arrêter n’importe qui, interdire toute fâcheuse manifestation ou encore n’importe quel journal.

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