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Justice contre démagogie

Dans une lettre datée de mardi, Jean-Claude Juncker exhorte le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, à respecter ses obligations dans l’accueil de réfugiés. «La solidarité n’est pas un plat à la carte», écrit notamment le président de la Commission européenne à l’adresse d’un Orban qui s’est fait le porte-parole des pays d’Europe de l’Est dans leur refus obstiné de répondre à la détresse des réfugiés de guerre.

Le timing choisi par Juncker pour ce rappel ne doit rien au hasard, la Cour de justice de l’UE ayant rejeté mercredi les recours introduits par la Hongrie et la Slovaquie contre la décision prise il y a deux ans par le Conseil européen d’établir un quota d’accueil de réfugiés par pays. La Cour devait dire si cette décision était conforme au droit européen, Budapest et Bratislava estimant qu’elle n’avait pas respecté les procédures en l’absence d’une consultation du Parlement européen. Les juges de Luxembourg rétorquent que le caractère d’urgence de la situation justifiait la position du Conseil, dont la décision respectait dès lors les traités européens.

Hongrie et Slovaquie mettaient également en cause l’efficacité d’une mesure dont il faut avouer qu’elle n’a pas porté les fruits escomptés. Argument balayé par les magistrats, observant «que le nombre peu élevé de relocalisations effectuées» s’explique notamment par «le manque de coopération de certains États membres». Une manière de renvoyer les deux gouvernements à leurs propres manquements. Dans ce dossier hautement politique, la Cour de justice de l’UE atteste de son poids croissant face à l’inertie et aux atermoiements de l’exécutif et du Parlement européens.

Sur le fond, les partisans des quotas auraient cependant tort de pavoiser car l’arrêt de la justice européenne a tout d’une victoire à la Pyrrhus. Il intervient à moins de trois semaines de l’expiration du délai fixé il y a deux ans pour relocaliser 160 000 réfugiés : à ce jour, seules 28 000 personnes ont été transférées depuis la Grèce et l’Italie. Ridicule au regard de l’accueil que 500 millions d’Européens auraient dû offrir à ceux qui fuyaient la guerre.

Fabien Grasser

Un commentaire

  1. Seulement 28.000 relocalisés ? Purée, Fabien, il y en a au moins 1,5 million en Allemagne. Par rapport à ce chiffre, les 160.000 dont on parle ici sont un peu anecdotiques non ? Cette relocalisation décidée unilatéralement par Merkel et soutenue par son caniche Juncker a juste servi à fracturer l’Europe. Certains pays comme la Slovaquie, la Hongrie, la Pologne ont eu le courage de leurs opinions en refusant d’en prendre. D’autres comme la France et l’Espagne ne disent rien mais n’en pensent pas moins et ne font rien non plus, chacun attendant gentiment que l’échéance arrive et qu’on n’en parle plus… Les 160.000 ? Une goutte dans l’océan. Mais de qui se moque-t’on ?

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