Emmanuel Macron, une vraie ambition européenne
C’est un grand discours européen qu’a prononcé Emmanuel Macron à la Sorbonne, dans la veine de ceux qui peuvent redonner du souffle à une politique en changeant les perspectives et le sens d’un projet. Un discours d’une intensité jamais atteinte par ses prédécesseurs : Nicolas Sarkozy parce que l’Europe, assommée par la crise financière mondiale, luttait pour sauver son présent ; François Hollande parce qu’il n’avait pas de vision autre que théorique d’un avenir européen.
Jamais, en tout cas, un dirigeant français n’avait osé bousculer comme il l’a fait les vieux schémas européens, les routines communautaires et les peurs populaires. Jamais on n’avait vu mêler en un même raisonnement une ambition profondément européenne et ce qui était perçu jusqu’alors comme son contraire : une flexibilité absolue sur les moyens d’y parvenir. C’est la force du propos d’Emmanuel Macron d’accepter, à rebours de tous les canons bruxellois, une Union dont les contours, les cercles, les projets, les groupes et les ambitions peuvent être indéfiniment divers, mais dont l’objectif est le même : avancer, bouger, créer. « Assurer l’unité, dit-il, sans chercher l’uniformité ».
Naturellement, une partie du discours du président de la République tient du rêve ou, au mieux, nous transporte dans un lointain futur : unifier la fiscalité, définir une convergence sociale, élargir l’Europe aux Balkans, trouver une stratégie de défense commune. Evidemment aussi, une partie de son propos nous ramène à nos travers franco-français : des taxes en veux-tu en voilà, des agences par-ci, des magistrats par-là, une académie de ceci, un office de cela. Et tout ne se fera sûrement pas.
Mais, en appliquant à l’Europe la recette qui lui a si bien réussi en France dans sa campagne présidentielle –cette façon de tout chambouler pour créer le mouvement—Emmanuel Macron peut donner une chance à l’Europe de se refonder.
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