Publicité

Le défi catalan

Par Jacques Hubert-Rodier

Publié le 3 oct. 2017 à 01:01Mis à jour le 6 août 2019 à 00:00

Le président de la Généralité de Catalogne, Carles Puigdemont, et les indépendantistes catalans ont gagné dimanche une mini-bataille : celle de l'image. L'intervention de la police pour empêcher le référendum, « illégal », sur l'autodétermination n'a pas réussi à entamer la détermination de voter de nombre de Catalans. Et le recours à la force, filmé et passé en boucle sur les chaînes de télévision, a renforcé le sentiment indépendantiste et ému en Europe.

En face, le Premier ministre, Mariano Rajoy (Parti populaire), est apparu plus affaibli que jamais. Son gouvernement minoritaire, il est vrai, ne tient qu'à un fil : celui de l'abstention du Parti socialiste (PSOE). Certes, le gouvernement a le droit pour lui. La Cour constitutionnelle a invalidé la loi adoptée par le Parlement de la communauté autonome de Catalogne et les décrets visant à organiser le scrutin du 1er octobre. La Constitution de 1978, adoptée après la chute du franquisme, est aussi formelle : son « fondement » est « l'unité indissoluble de la nation espagnole », même si elle reconnaît le droit à l'autonomie des nationalités et des régions qui la composent. Mais se réfugier derrière la loi ne réglera pas la crise ouverte entre Madrid et Barcelone. « Dès que l'oppression vient de Madrid, l'unanimité catalane se reforme », écrivait il y a quarante ans l'historien de la Catalogne Pierre Vilar. C'était vrai sous le franquisme. C'est vrai aujourd'hui. Mariano Rajoy peut encore jouer une carte : celle d'une révision de la Constitution qui permettrait de passer d'un Etat fédéral de fait avec 17 communautés autonomes à un véritable système fédéral. Mais, seul, en a-t-il encore le pouvoir ? Ce n'est pas certain. La crise catalane ouvre dans une Union européenne qui vient tout juste de tourner le dos à sa crise économique une blessure inattendue. Certes, l'Union n'est pas en première ligne dans une affaire qui regarde les dirigeants politiques en Espagne. Mais elle ne peut se contenter d'appeler « tous les acteurs pertinents à passer rapidement de la confrontation au dialogue ». Ada Colau, la maire de Barcelone soutenue par le parti d'ultra-gauche Podemos, lui-même divisé sur l'indépendance de la Catalogne, a appelé l'Union européenne à une « médiation ». Un souhait partagé désormais par Carles Puigdemont. Bruxelles ne peut se permettre, non plus, de laisser une nouvelle crise, cette fois-ci politique, et non plus financière et économique comme celle de la Grèce, s'installer au coeur de l'Europe. La voie est étroite. Mais il y a une petite opportunité : le gouvernement catalan ne sait pas trop quoi faire de sa « victoire ». Il faut aller vite. Car le risque est de voir d'autres régions européennes prendre la voie catalane.

MicrosoftTeams-image.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres

Nos Vidéos

xx0urmq-O.jpg

SNCF : la concurrence peut-elle faire baisser les prix des billets de train ?

xqk50pr-O.jpg

Crise de l’immobilier, climat : la maison individuelle a-t-elle encore un avenir ?

x0xfrvz-O.jpg

Autoroutes : pourquoi le prix des péages augmente ? (et ce n’est pas près de s’arrêter)

Publicité