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Je ne sais pas si Emmanuel Macron pardonne, mais, en tout cas, il n'oublie pas. Une bonne partie de ses vœux à la presse a été consacrée mercredi à la lutte contre cette fausse information, propagande ou pure nuisance, que les Américains, bientôt suivis par le monde entier, ont baptisée « fake news ». Il s'agit, on le sait, de ces nouvelles plus ou moins fantaisistes, ravageuses le plus souvent pour celui qu'elles mettent en cause, fausses ou truquées évidemment, qui se propagent sur Internet à une vitesse insensée, rebondissant d'un réseau à un autre, par Facebook ou Twitter, et faisant, en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, le maximum de dégâts, directs ou collatéraux.
Le président de la République n'a donc pas un seul instant oublié que, quelques jours avant le premier tour de l'élection présidentielle, en avril 2017, une de ces fake news lui a prêté un compte bancaire aux Bahamas. Avant même d'avoir été touché personnellement, Emmanuel Macron, instruit par la campagne contre Hillary Clinton, et avant elle Barack Obama, avait fait demander au CSA de veiller avec un soin tout particulier aux attaques pirates, et à toute fausse information risquant de polluer la campagne électorale française. Dans son collimateur notamment, les médias russes francophones, tels RT France ou Sputnik France, financés par le Kremlin. On se rappelle qu'à peine installé à l'Élysée, recevant Vladimir Poutine à Versailles, le 29 mai dernier, lors du premier voyage à Paris du président russe, Emmanuel Macron avait, au cours de la conférence de presse finale tenue à ses côtés, vertement répondu à la responsable russe de RT France. Il avait choisi ses mots pour lui rappeler, au cas où elle l'aurait oublié, qu'elle avait fait partie de ces « organes d'influence qui ont à plusieurs reprises produit des contre-vérités sur ma personne et ma campagne ». Pendant qu'il s'en prenait, sans aucune précaution diplomatique, à son interlocutrice, Vladimir Poutine n'avait pas cillé, regardant au loin comme si cet échange ne le concernait pas.
Transparence
C'est dans ce contexte qu'il faut situer, évidemment, la volonté affirmée mercredi par Emmanuel Macron de faire évoluer le dispositif juridique pour protéger la vie démocratique des fausses nouvelles qui la mettent à mal. Une nouvelle loi, donc, qui s'appliquera en « période électorale », il l'a précisé, devrait être mise au point dans les mois qui viennent, exigeant la transparence des contenus diffusés sur le Web, c'est-à-dire la connaissance exacte de l'identité de ceux qui les publient. Une loi qui permettra aussi de saisir la justice par référé, ce qui devrait permettre de supprimer le contenu d'un message, voire de bloquer l'accès au site internet repéré. Au passage, cette loi impliquera l'extension à cet objet du rôle du CSA. Il n'est pas sûr que celui-ci puisse empêcher toutes les dérives qui, en la matière, se propagent à travers le monde.
Sur ce sujet, qui l'a touché au cœur, Emmanuel Macron a pu avoir, mercredi, l'approbation des journalistes auxquels il s'adressait, qui, eux aussi, pâtissent des fausses nouvelles propagées par des sites ou des individus non contrôlés.
"Saine distance"
Mais sur d'autres points, les futurs combats qu'il a annoncés rassemblent toutes les critiques que les hommes politiques, présidents ou pas, reprennent de septennat en quinquennat, sur la télévision – dont ils ne regardent, distraitement le plus souvent, que les émissions d'information –, et surtout sur la télévision publique. Celle-ci est accusée, comme d'habitude depuis des décennies, d'être pléthorique (mais l'est-elle davantage que les chaînes privées de même catégorie ?), de ne pas atteindre à l'excellence (qui le pourrait, et qui en déciderait ?), de ne pas diffuser assez de programmes culturels à des heures décentes (ce qui peut être le cas, à ceci prés qu'elle est la seule à en proposer), et de ne pas assez favoriser des co-productions européennes, alors que tant de producteurs français en rêveraient... Comme le disait un jour Hervé Bourges, ancien président de France Télévisions, puis du CSA : « Ce que les dirigeants politiques voudraient, c'est en somme une chaîne comme Arte recueillant autant d'audience que TF1 ou France 2. » Mission impossible.
Reste aussi le discours, au demeurant passionnant, sur la « saine distance » entre pouvoir et médias. C'est une affaire qui concerne autant les journalistes, accusés par les uns d'être des laquais au service du pouvoir, par les autres des conspirateurs acharnés contre le régime en place, que les hommes politiques, auxquels une trop grande proximité des médias finit toujours par nuire, comme on l'a vu avec François Hollande. Pour autant, est-ce à l'État de définir les conditions du métier de journaliste ? Un journalisme qui s'en tiendrait aux seuls propos officiels sans les mettre parfois en contradiction avec les confidences recueillies par ceux-là même qui les ont élaborés serait-il encore du journalisme ? Si une déontologie est souhaitable, et même nécessaire, elle ne peut évidemment pas être codifiée par le pouvoir.
Ce n'est pas nouveau et rarement sanctionné, pour fillon comme pour d'autres.
Et que ce soit en pleine période électorale, dans le contexte d'une affaire exceptionnelle pour quelqu'un briguant (je n'ai pas écrit brigand) la magistrature suprême avec une immunité à la clé ne constitue plutôt pas une circonstance aggravant tel qu'on peut le percevoir entre les mots de votre commentaire.
ça me rappelle la sortie, en décembre 2012, de l'enregistrement de la voix de Cahuzac par son adversaire UMP de la mairie de Villeneuve sur Lot, enregistrement qu'il conservait au chaud DEPUIS 10 ANS.
On s'autorise à penser que le coup vient de son camp, qui savait.
En toute hypothèse, fillon déclarait le 6 février 2017, sur France Inter, qu'il savait tout des origines des fuites !
Et donc, que tel ou tel, au sein de la justice ou de la police, ait fait fuiter des informations de procédure n'est ni plus ni moins glorieux que dans d'autres affaires mais ne met pas eu cause l'institution justice ou l'institution police en tant qu'entité.
Rappelons en outre que l'affaire a pris un essor exceptionnel deux mois avant que la justice s'en saisisse : des faits avaient déjà été largement révélés à l'initiative du Canard Enchaîné, comme chacun sait.
Revus à la baisse (ce que l'électeur espère) ou à la hausse (ce qu'il redoute), édulcorés, dénaturés, passés à la trappe, virés à 180 degrés ? De la publicité mensongère (ou de l'incompétence) ! C'est pas grave, ça ? C'est pas une atteinte à la démocratie ? Sanction seulement en fin de mandat. Victimes jamais indemnisées. On balaye d'abord devant sa porte !
La justice doit dire le droit, elle n'a pas compétence à dire la vérité. Ne pas confondre avec s'appuyer sur des experts pour qu'ils répondent à des questions précises.
Macron ne veut plus une presse complice mais aux ordres
garde a vous