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« Trump est important historiquement »

Dans sa chronique, Alain Frachon, éditorialiste au « Monde », montre comment la Russie et la Chine profitent de la dégradation de la démocratie libérale par le président américain.

Publié le 18 janvier 2018 à 11h32, modifié le 18 janvier 2018 à 11h32 Temps de Lecture 4 min.

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Donald Trump, à la Maison Blanche, à Washington, le 17 janvier.

Chronique. A chaque nouvelle saillie de Donald Trump, au moins deux de ses « confrères », Vladimir Poutine et Xi Jinping, doivent se réjouir. L’Américain est champion quand il s’agit de dégrader l’image de la démocratie libérale. Il s’y emploie avec talent depuis son arrivée à la Maison Blanche. Sa dernière élégance – râler contre les « pays de merde », Haïti et quelques nations africaines, dont des ressortissants émigrent aux Etats-Unis – a dû largement circuler à Moscou et à Pékin.

Chinois et Russes mènent une bataille idéologique pour défendre l’autocratie politique. C’est un combat conduit avec détermination dans les enceintes de l’ONU, notamment, et qui passe par la critique régulière de la démocratie à l’occidentale. L’objectif est d’assurer la légitimité du mode de gouvernement autoritaire. L’ambition est de promouvoir diverses interprétations de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Le message est double : notre « interprétation » vaut bien la vôtre ; vos valeurs n’ont pas le monopole de l’universalité.

La démocratie libérale ne serait qu’hypocrisie pratiquée par des pays un brin décadents et qui, du fait de leur passé, n’ont de leçons à donner à personne. L’historien américain Juan Cole rapportait cette semaine que les médias russes et iraniens émettant en arabe se sont fait une fête de relayer largement la dernière des « trumpitudes ». Le China Global Television Network n’aurait pas été en reste en Asie et en Afrique. Message ainsi largement diffusé : le président américain est raciste.

Les institutions américaines déligitimées

Trump travaille pour les contempteurs de la démocratie libérale. Aucun de ses discours ne la défend. Son comportement la menace et érode chaque jour davantage l’attractivité du modèle libéral. Trump devrait être la vestale en chef des institutions américaines : il les critique, les unes après les autres, il les délégitime. Le 45e président des Etats-Unis pratique le mensonge comme une forme de gouvernement. Ce n’est pas neutre. Ternissant la cause de la démocratie libérale, Trump désinhibe ceux qui la contestent sur la scène internationale.

En ce sens, Trump est important historiquement. Il occupe la Maison Blanche à un moment où le mode de gouvernement démocrate-libéral perd du terrain depuis plusieurs années déjà. L’exemple donné par Trump peut accentuer la tendance. En 1989, au lendemain de la chute du mur de Berlin, la démocratie libérale – avec l’économie de marché – passait pour une forme d’horizon politique inévitable. A son rythme, chaque pays allait s’y convertir et ceux qui n'en avaient pas l’intention faisaient semblant de s’y ranger. Le nombre des démocraties grimpait.

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