La Grèce, Calais de l’Europe

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Les barbelés qui ferment désormais la route des Balkans transforment la Grèce en un vaste Calais, où les migrants se concentrent dans l’espoir d’autres horizons. « L’Europe est confrontée à une crise humanitaire imminente, en grande partie de son propre fait » avertit le Haut-commissariat aux réfugiés. « De son propre fait », c’est-à-dire à cause de l’incapacité dont témoignent les États membres de l’UE à gérer ensemble la crise des réfugiés. En Grèce, 24 000 personnes sont aujourd’hui dans l’attente d’un hébergement d’urgence. Ils seront 100 000 à la fin du mois et Athènes n’est pas capable de suivre. Hier, la Commission européenne a promis 700 millions d’euros (sur trois ans) qui devraient aller en priorité à la Grèce. Mais cela ne suffira pas, si ce n’est pour installer au bord de la mer Egée les mêmes « jungles » que l’on voit sur le rivage de la mer du Nord. Car le flux ne va pas se tarir. Au cours des deux derniers mois, plus de 120 000 migrants sont arrivés en Grèce, sans compter les 410 qui ont péri en traversant… Même si les choses se calment en Syrie, ce sont sans doute des centaines de milliers de personnes qui tenteront leur chance cette année.

Pour la deuxième année consécutive, la Grèce se retrouve ainsi au cœur d’une grave crise européenne, mais cette fois-ci, elle est la victime de sa position géographique et pas seulement de l’incurie de ses dirigeants. Pas plus que quiconque en Europe, la Grèce ne peut gérer cette situation seule. Jadis présentée comme la mère fouettarde de la zone euro, Angela Merkel en appelle aujourd’hui à la solidarité avec Athènes, pour éviter que les Etats européens ne se barricadent chez eux. Elle n’a pas tort.

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