Les réfugiés dans l'impasse balkanique

La Hongrie ayant bouclé sa frontière méridionale, des milliers de réfugiés tentent de rallier le Nord en transitant par la Serbie, la Croatie et la Slovénie. Mais ces pays fermant à leur tour leurs frontières par intermittence, de nombreux réfugiés se retrouvent coincés. Ces blocages pourraient générer des violences, redoutent certains commentateurs. D'autres critiquent la rhétorique accueillante de l'Allemagne, estimant que celle-ci ne fait qu'accroître le problème.

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Die Welt (DE) /

Balkans : le danger des blocages

Si la situation menace d'échapper à tout contrôle dans les pays situés sur la route des Balkans, la faute en incombe à l'inaction des gouvernements des pays de l'UE, déplore le quotidien conservateur Die Welt : "Nul besoin d'être devin pour savoir que le refoulement observé dans cette région est dangereux. Le plus dangereux, c'est que le désespoir et la colère de ces personnes vont bientôt virer à la violence. … Il était prévisible que tôt ou tard, les pays du sud-est de l'Europe capitulent face à cet afflux. Il était prévisible que l'assaut des réfugiés mettrait à rude épreuve l'hospitalité des Etats les plus pauvres de l'UE. Et pourtant, l'UE s'est enlisée à vue d'œil dans ce marasme, sans s'être concertée à temps sur une stratégie commune. Faire cavalier seul en déclarant 'Nous y arriverons' est aussi inutile que le réflexe de repli sur soi des Européens de l'Est, à des années-lumières d'adhérer à la promesse de Merkel. Nous n'avons pourtant pas le choix : une clé de répartition et une sécurisation des frontières extérieures sont des passages obligés."

Jutarnji list (HR) /

La Croatie dépassée par les flux de réfugiés

Tôt ou tard, les pays d'Europe centrale et orientale érigeront eux-aussi de nouvelles clôtures frontalières, affirme le quotidien libéral Jutarnji list : "La panique est la pire des choses qui puisse arriver aux réfugiés qui affluent actuellement en Croatie. Or la situation se dégrade de jour en jour. La foule de personnes qui s'amasse à la frontière serbo-croate dépasse le nombre de réfugiés que la Slovénie est prête à accepter, et au vu de l'état actuel des choses, la situation ne devrait pas changer de sitôt. Dans de telles circonstances, il n'y a que deux solutions. Soit l'Allemagne, la Suède et l'Autriche garantissent qu'elles sont prêtes à accepter tous les réfugiés. Soit la Croatie devra bientôt fermer sa frontière avec la Serbie. Ce serait la solution la plus malheureuse, mais inévitable si l'Etat ne veut pas se transformer en gigantesque camp de réfugiés - perspective que ne permettent ni les conditions matérielles ni les conditions psychologiques."

Delo (SI) /

L'UE, un vrai far west

Il est déplorable que les réfugiés se heurtent à des frontières sur leur route vers l'Occident, peste le quotidien de centre-gauche Delo : "Ceux qui fuient la violence qui dévaste leurs pays pensaient rallier l'Occident libre, la Terre promise, où coulent le lait et le miel. Or ils arrivent en fait au far west, où des shérifs locaux érigent des clôtures de leur propre initiative et rétablissent des frontières qui avaient pourtant été abolies, au mépris des traités communautaires. Pendant ce temps, ceux qui ont été élus à Bruxelles pour diriger la Communauté font comme si tout allait pour le mieux. … La crise des réfugiés a par ailleurs montré que les dirigeants d'aujourd'hui n'avaient plus la carrure de ceux de jadis ; des hommes d'Etat capables de se réunir et d'adopter une politique à long terme vis-à-vis des nouveaux arrivants."

Népszabadság (HU) /

Une seconde clôture frontalière qui nuit à la Hongrie

La fermeture de la frontière hungaro-croate à l'aide d'un rideau de barbelés, le week-end dernier, vient égratigner un peu plus l'image de la Hongrie, critique le quotidien de centre-gauche Népszabadság : "Notre 'fortification' donne une image négative de la Hongrie, surtout en Europe occidentale. Celle-ci a compris qu'il ne s'agissait pas d'une humeur passagère, mais d'une conception du monde qui excluait toute coopération. Le résultat n'est pas seulement une perte de crédibilité, mais aussi une restriction de la capacité d'action du pays. Nous serons perçus à l'avenir de la même façon que nous a perçus un commentateur TV norvégien, réagissant au tirage au sort des barrages qualificatifs pour l'Euro de football en France : 'La Hongrie ? Top. Ils sont faciles à battre !'"