Peur du terrorisme en Europe

La presse s'interroge sur le durcissement des mesures de sécurité suite aux attentats parisiens : les Etats doivent-ils sacrifier la liberté sur l'autel de la sécurité ? Certains commentateurs redoutent le renforcement des contrôles, tandis que d'autres jugent ridicule la crainte des citoyens d'être davantage surveillés.

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Der Standard (AT) /

La politique de sécurité divise l'UE

Jusqu'à quel point doit-on renoncer à nos libertés pour lutter contre le terrorisme ? Voilà la question qui risque de semer la discorde au sein de l'Union, s'inquiète le quotidien de centre-gauche Der Standard : "La France n'a pas seulement fait appel à la clause d'assistance militaire de l'UE. Paris, et d'autres Etats, vont également durcir leur politique dans le domaine de la sécurité intérieure et de la justice. Sur ce point, les intérêts des Etats membres divergent considérablement, presque plus qu'en matière de politique européenne. Les Français acceptent autant le contrôle et la sauvegarde des données que la violation d'une partie des droits civiques dans le cas des terroristes présumés. Les citoyens allemands, épargnés par les attaques jusque-là, sont d'un autre avis. Si l'Union souhaite conserver son ouverture, et l'absence de contrôles aux frontières, ses Etats membres vont devoir trouver rapidement un consensus. L'Union risque sinon de se déchirer définitivement."

Sme (SK) /

Ne pas avoir peur de la surveillance

Renforcer les contrôles ne revient pas à faire des pays européens des Etats policiers, affirme le quotidien libéral Sme : "Selon la loi belge, la police n'a actuellement le droit de perquisitionner les logements qu'entre 5 heures et 21h. Les terroristes peuvent donc en profiter pour dormir l'esprit léger. Faut-il s'en réjouir ou le déplorer ? … Le Parlement européen a rejeté un projet de loi vieux de huit ans, obligeant les compagnies aériennes à collecter les données des passagers. Selon les experts en sécurité, ces informations pourraient permettre de déceler des réseaux entiers de djihadistes. Mais les députés parlent d'une atteinte trop importante à la vie privée. Nous faisons face à un paradoxe : d'un côté, les individus dévoilent toutes sortes d'informations les concernant, mais redoutent qu'une compagnie aérienne conserve leurs noms et données bancaires avec lesquels ils pourraient faire leurs achats dans n'importe quelle boutique en ligne.

Dziennik Gazeta Prawna (PL) /

Ne pas se laisser impressionner

Le terrorisme ne cessera pas d'exister, ce qui ne doit pas empêcher l'Europe de garder son calme, exhorte le philosophe Marcin Król dans le quotidien conservateur Gazeta Prawna : "Les terroristes n'avaient pas frappé depuis longtemps. Non pas parce que nos services de sécurité européens avaient fait un travail remarquable, mais parce que la mort d'Oussama Ben Laden les avait affaiblis. Malheureusement, Daech est là pour les remettre d'aplomb. … Au fond, personne ne peut vraiment se prémunir de nouvelles attaques terroristes. Mais ça n'est pas une raison pour se laisser intimider. Il est temps que la classe politique élargisse son champ de vision et se tourne vers l'avenir. Si nous mettons un frein aux libertés européennes, alors les terroristes et autres ennemis de la démocratie tels que Poutine auraient gagné la partie. Les attentats parisiens sont certes une tragédie, mais nous devons garder le sens des proportions."

The Independent (GB) /

L'Europe refuse de céder à la terreur

En dépit de la menace terroriste, les habitants de Paris et des autres villes européennes reprennent autant que possible le cours de leur vie quotidienne, se réjouit le quotidien de centre-gauche The Independent : "L'humeur prédominante, à Paris et de par le monde, est celle d'un optimisme déterminé, d'une résistance au clivage et à la peur. Il est rassérénant de voir autant de personnes se lever et refuser de donner aux terroristes ce qu'ils veulent. Se voir remémorer la défiance, la résolution et le courage universels dont dispose la majorité de l'humanité est d'un grand réconfort en cette période de deuil. Et voir l'Europe se relever de cette menace de haine absolue suffit à nous arracher un sourire, fût-il furtif."