Les gardiens de prison belges en grève

Au bout de deux semaines de grève des surveillants pénitentiaires de Belgique, le gouvernement entend déployer l'armée pour assurer l'approvisionnement de base des détenus. Les commentateurs déplorent des conditions d'incarcération inhumaines et les dysfonctionnements de l'Etat belge.

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Mediapart (FR) /

Une situation indigne au cœur de l'Europe

La grève des gardiens de prison, qui dure depuis deux semaines, oblige les détenus à rester en permanence dans leurs cellules. Une situation que dénonce le philosophe Daniel Salvatore Schiffer, sur son blog hébergé par le site Mediapart :

«Des êtres humains traités comme des bêtes sauvages : telle est aujourd'hui, au centre de notre Europe dite civilisée et démocratique, l'horrible, indigne et scandaleuse situation que sont contraints de vivre quotidiennement, privés des droits les plus élémentaires, des centaines d'hommes et de femmes dans les prisons de Belgique ! … Des hommes et des femmes sont enfermés jour et nuit, parfois par groupe de trois, sans possibilité de sortir, ne fût-ce que pour prendre une douche ou aller aux toilettes, de leur cellule : des cellules, pour corser l'affaire, plutôt exiguës, où l'air, sous les premières chaleurs, est, littéralement, étouffant, asphyxiant.»

De Standaard (BE) /

Un Etat belge lamentable et inefficace

Le déploiement de soldats dans les prisons pendant la grève des gardiens est répréhensible, estime De Standaard, qui évoque un Etat belge défaillant :

«Comment le gouvernement d’un des pays les plus riches au monde peut-il être aussi lamentable et inefficace ? Il est vrai que notre dette publique est elle aussi en tête du classement mondial. Mais les fonds publics n’ont pas été investis dans la construction et la maintenance d’une infrastructure de pointe. Ils ont été dépensés pour la consommation, pour réduire les tensions au sein de la fédération et pour tenter d'améliorer la compétitivité. Et malgré des taux d’intérêts historiquement bas, nous ne réussissons pas à réduire la dette. Autrement dit, non seulement nous payons le prix des erreurs du passé, mais nous les répétons quotidiennement. … Le gros problème que tout le monde occulte est le faible rendement global de l’Etat. Loin d’avoir aidé la vieille Belgique à se relever de ses maladies, toutes les réformes ont aggravé et propagé le mal.»