Traumatisé par le terrorisme

Les attentats de Bruxelles le 22 mars, celui du 14 juillet à Nice, celui qui a frappé Berlin juste avant Noël et ceux qui ne cessent d'ébranler la Turquie : 2016 a été marquée par la recrudescence d'attaques qui ont laissé derrière elles les sentiments de deuil, d'impuissance et de peur. En quoi le terrorisme transforme-t-il le continent, et pourquoi la politique et la société semblent-elles être aussi démunies face à ce fléau ?

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Contributors (RO) /

Les démocraties n'ont jamais été aussi vulnérables

L’Europe n’a pas la force de résister à d’autres attentats, redoute Valentin Naumescu sur le portail de blogs Contributors :

«Compte tenu du climat politique qui règne actuellement sur le continent, marqué par la tension et la frustration, le moindre nouvel attentat terroriste pourrait devenir un 'cocktail Molotov' qui détruirait la stabilité des démocraties européennes, déjà mise à mal par la méfiance envers la politique et les institutions de l’UE. … Les gens exigent des actions et des solutions, qui tardent cependant à venir. Les dirigeants européens ne semblent pas les avoir sous la main. L’opposition, tout particulièrement les extrémistes, a pour sa part des tombereaux de 'solutions'. … Pour l'UE, c’est une pitoyable année qui touche à sa fin et c'est avec préoccupation que nous envisageons 2017, car la crise structurelle de l’Occident pourrait y atteindre son paroxysme et les immenses défis qui ont déjà miné la base de confiance en l’ordre libéral pourraient asséner le coup fatal à l’idée européenne.»

Salzburger Nachrichten (AT) /

L'impuissance de l'Etat de droit

La démocratie et son incapacité à se défendre ont une part de responsabilité dans les succès des terroristes, juge Salzburger Nachrichten :

«Les terroristes détruisent l'Etat de droit en recourant aux moyens de l'Etat de droit, et l'Etat assiste impuissant aux agissements des terroristes. Le même Etat, du reste, qui sévit sans pitié lorsque des citoyens légalistes ou de petits entrepreneurs commettent la moindre incartade, fût-elle minime ou involontaire. ... L'attaque de Berlin, comme chaque attentat terroriste, n'avait pas pour unique but de tuer le plus grand nombre possible de personnes innocentes ; il s'agissait également de frapper en son cœur le système politique, c'est-à-dire, dans notre cas, la démocratie. Comme on a pu le constater - ce n'est pas la première fois et ce ne sera certainement pas la dernière - la démocratie n'est pas en mesure de se protéger suffisamment de ceux qui cherchent à la détruire. Ce n'est pas un constat très rassurant.»

Új Szó (SK) /

La menace terroriste persiste

Új Szo pose un regard pessimiste sur l’avenir et pense que le terrorisme n’a pas fini de hanter l’Europe :

«Il y aura toujours des terroristes. Même le jour où on aura réussi à intégrer en Europe les innombrables demandeurs d’asile, il y aura encore des attaques terroristes. Il suffit de penser aux islamistes radicaux qui sont citoyens français, allemands ou belges, ou à ces mercenaires européens qui se sont engagés dans les rangs de Daech et rentrent en Europe après avoir combattu en Syrie et en Irak. Quelques centaines de guerriers capables de tout et déterminés à agir suffisent pour semer la peur et la panique pendant des années dans les cœurs de millions de centaines de millions d’Européens. Daech non plus ne pourra jamais être entièrement éradiqué. L’Europe n’aura d’influence sur les événements au Proche-Orient que le jour où elle sera en mesure d’intervenir dans la région au même titre que la Russie et surtout que les Etats-Unis. Mais l’Europe est à des années-lumière de cette situation.»