Agrokor : quel rôle joue le gouvernement ?

Le scandale autour du géant alimentaire Agrokor, placé sous surveillance étatique en raison de son endettement important, vire au roman noir : le PDG, à la tête du groupe, menacé de mise en détention provisoire, a quitté le pays. Le gouvernement traîne les pieds à mettre en place une commission d'enquête censée faire toute la lumière sur d'éventuelles implications de la politique. Si certains commentateurs supposent qu'elle a des cadavres à cacher, d'autres craignent qu'il y a longtemps que les décisions ne sont plus du ressort de la Croatie.

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Jutarnji list (HR) /

Panique au gouvernement

L'affolement provoqué par la perspective d'une commission d'enquête parlementaire montre combien l'affaire est explosive pour le parti au gouvernement HDZ, estime Jutarnji list :

«La véhémence avec laquelle le HDZ s'oppose à une enquête parlementaire sur d'éventuelles implications politiques et sur la responsabilité des dettes colossales contractées par Agrokor et accumulées depuis des années, mais aussi l'entêtement du Premier ministre Andreï Plenković et de sa marionnette [le président du parlement] Gordan Jandroković, sont autant de signes révélateurs de la nervosité de l'équipe qui cherche à s'abriter du mal qui risque de s'abattre sur eux. ... Mais si le HDZ et ses acolytes réussissaient bel et bien à empêcher la mise en place d'une commission d'enquête parlementaire, une coalition croissante anti-HDZ risquerait de le mettre davantage en danger.»

Novi list (HR) /

L'Etat n'a plus son mot à dire

Face aux révélations quasi-quotidiennes de nouvelles irrégularités et d'imbrications entre politique et économie, Novi list craint que l'Etat croate n'ait bradé depuis longtemps sa souveraineté à des entreprises étrangères :

«Si l'on a cédé le contrôle d'un groupe qui est sous surveillance étatique à un hedge fonds étranger, si le droit de gage sur les biens immobiliers a été transféré à un agent situé à Hong Kong, il ne reste à la Croatie que de se torcher le cul avec la 'Lex Agrokor'. On peut alors mettre au rencart les autorités judiciaires, le parlement, les tribunaux, le gouvernement et la présidente. Ils peuvent plier bagage et émigrer.»