Hongrie : le journal Heti Válasz met la clé sous la porte

L'hebdomadaire conservateur Heti Válasz, au bord de la faillite selon ses propres déclarations, n'éditera plus de version papier. Le journal faisait partie de l'empire de l'oligarque Lajos Simicska, qui s'était brouillé avec le Premier ministre Viktor Orbán, son compagnon de route de longue date. Il finance depuis des médias indépendants conservateurs. Des médias critiques du gouvernement ont-ils encore un avenir en Hongrie ?

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Népszava (HU) /

La 'main invisible' décide

En Hongrie, un journal risque de perdre l'ensemble de ses recettes publicitaires s'il irrite le Premier ministre Viktor Orbán, précise le quotidien critique du gouvernement Népszava :

«Dans ce cas, le plus grand annonceur, à savoir l'Etat hongrois, cesse d'y publier des annonces. Et les entreprises privées sensibles aux signaux politiques se retirent également. ... Et lorsqu'un acheteur potentiel s'intéresse à un média avec un nombre prometteur de lecteurs, on lui signale clairement les risques qu'il prend s'il gène le gouvernement. ... Le sens que la notion de 'main invisible' a chez nous est bien différent de celui qu'elle aurait dans une économie du marché véritable. Ce n'est pas une notion abstraite, mais une personne existante qui accepte de moins en moins de ne pas pouvoir décider le contenu des journaux.»

Mérce (HU) /

La dernière voix indépendante conservatrice se tait

La fin de Heti Válasz signifie le départ d'un adversaire de la gauche qui était à la hauteur, commente le portail d'Internet de centre-gauche Kettős mérce :

«Les milieux conservateurs favorables à une démocratie honnête en Hongrie, avaient leur fournisseur de munition intellectuelle. Ces dizaines, voire centaines de milliers de citoyens hongrois s'y retrouvaient dans une forme de familiarité intellectuelle. Et ce foyer intellectuel a été indispensable. Non seulement pour les conservateurs, mais également pour la gauche, les Verts et les libéraux. Il garantissait que l'autre camp ne se contentait pas de propagande, mais fournissait également des idées. Des idées dont on pouvait débattre et qui permettaient d'avancer. La fin de Heti Válasz sonne définitivement le glas de ce débat.»