Affaire Khashoggi : Trump continue de soutenir Riyad

En dépit de l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, le président américain Donald Trump a réitéré son soutien à la maison royale saoudienne. Washington reste un "partenaire solide" de Riyad, a-t-il affirmé mardi. La CIA estime pourtant que le prince héritier Mohammed Ben Salman est le commanditaire du meurtre. Les éditorialistes expliquent pourquoi Trump ne rompra jamais avec Riyad.

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taz, die tageszeitung (DE) /

Divulguer les preuves

taz rappelle que la culpabilité de Ben Salman n'a pas encore été entièrement établie :

«Il y a des éléments indiquant que MBS a été le commanditaire du meurtre. Mais rien de formel. Ce qu'on peut dire avec certitude en revanche, c'est que le prince et le roi du pays, son père Salman, ont la responsabilité politique de cet acte atroce - quel qu'en fut son déroulé exact. ... Au lieu de ressasser quotidiennement la question du commanditaire, jusqu'à ce que les hypothèses évoquées finissent par tenir lieu de vérité, on ferait mieux de se concentrer sur les preuves. Le gouvernement turc comme la CIA doivent divulguer les informations dont ils disposent quant à la responsabilité de Ben Salman. ... Il faut donc rendre publics les enregistrements.»

Večernji list (HR) /

Trump nie l'évidence

Le président américain refuse de lâcher Riyad et se couvre de ridicule, estime le chroniqueur Robert Bubalo dans Večernji list :

«Avec sa publication d'hier, dans laquelle il affirme ne pas savoir si le prince saoudien a été le commanditaire du meurtre du journaliste, Trump crache à la face du monde entier. En dépit du mot d'ordre 'America First', il a d'abord craché à la face de l'Amérique, le pays qui promeut la liberté, la dignité et la prospérité. Il a craché à la face de la CIA, laquelle a confirmé que le prince a commandité l'assassinat, mais aussi à la face des victimes du 11-Septembre, car le renseignement américain a clairement établi que l'attentat avait été organisé par les Saoudiens. Mais à la question de savoir si Obama aurait réagi différemment, je répondrais par la négative. Hillary Clinton ne les aurait pas sanctionnés non plus.»

Sabah (TR) /

Le Pentagone en symbiose avec l'industrie de l'armement

Trump est le protecteur naturel du lobby des armes, explique Sabah :

«Dans l'affaire Khashoggi, Trump ne fait que ce que l'on attend de lui. ... Vu les exigences et la structure de l'industrie de la défense américaine, Trump n'a pas d'autre choix. ... Infliger des sanctions aux Saoudiens reviendrait à renoncer à l'option la plus utile, d'un point de vue financier comme d'un point de vue moral, dans la guerre contre le terrorisme, ainsi qu'au débouché ultime du lobby des armes. ... La symbiose entre le Pentagone et l'industrie de l'armement détermine tous les secteurs, et notamment la politique et l'économie. Trump, qui en est conscient, substitue donc ces jours-ci le 'Saudi Arabia first' à son sempiternel 'America first'.»