Huawei : des accusations justifiées ?

Le Parquet de New York a lancé plusieurs inculpations contre le groupe technologique chinois Huawei. La justice américaine l'accuse d'avoir violé l'embargo sur l'Iran, mais aussi de s'être rendu coupable de blanchiment d'argent et d'espionnage industriel. Elle réclame par ailleurs l'extradition par le Canada de la directrice financière de l'entreprise, Meng Wanzhou. Les éditorialistes expliquent en quoi l'affaire affecte aussi l'Europe.

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Deutschlandfunk (DE) /

La méfiance est de mise

Deutschlandfunk explique pourquoi l'affaire Huawei est aussi préoccupante :

«Le groupe étant l'un des leaders mondiaux des télécommunications, il peut potentiellement devenir un facteur de risque imprévisible pour l'Occident. Le gouvernement chinois a déjà souvent montré qu'il agissait dans le cyberespace, sans aucune espèce de scrupules. En 2014 par exemple, les données de plus de 22 millions [sic] de fonctionnaires gouvernementaux américains avaient ainsi été dérobées par des pirates chinois - des données contenant notamment les informations ultraconfidentielles de collaborateurs des services de renseignement et du Pentagone. En cas de doute, Pékin se réserve un 'accès' aux entreprises chinoise. Il faut se garder de toute naïveté sur ce point.»

NRC Handelsblad (NL) /

Garder la tête froide

L'UE ferait mieux de s'abstenir de prendre des mesures contre Huawei, estime NRC Handelsblad :

«La Chine est un Etat autoritaire qui, par des voies économiques, entend systématiquement se créer une position d'influence dans le monde, sans hésiter à espionner sans merci sa propre population. De leur côté, les Pays-Bas et l'UE doivent refuser de se laisser instrumentaliser dans la guerre commerciale irréfléchie menée par le président Trump. Rien ne prouve pour l'instant que Huawei s'est rendue coupable d'espionnage. Cet élément doit nous dissuader de lancer une procédure formelle contre l'entreprise chinoise à ce stade, même si la prudence reste de mise.»

Die Presse (AT) /

Balayer devant sa propre porte

Au lieu de chercher à museler les entreprises chinoises, l'Ouest ferait mieux de s'efforcer d'améliorer sa propre compétitivité, commente Die Presse :

«L'exemple des groupes ferroviaires Siemens et Alstom montre précisément la marche à ne pas suivre. Les entreprises veulent fusionner pour pouvoir continuer à rivaliser avec le géant chinois CRRC. Une initiative qui sera selon toute vraisemblance rejetée par la Commission européenne. En raison, essentiellement, de la position dominante qu'occuperait le nouveau groupe sur le marché européen. Cette vision bornée est dépassée, quelle que soit l'importance que l'on veuille bien accorder aux puissants gardiens de la concurrence. Car c'est au niveau mondial que se joue réellement la concurrence. Occulter cet aspect des choses pourrait s'avérer funeste pour l'Europe, à long-terme.»