Portugal : un juge donne raison aux hommes violents

Le Portugal discute vivement le cas du juge Joaquim Neto de Moura, qui a fait scandale après avoir prononcé des peines et des jugements particulièrement cléments envers des hommes violents. Dans ses sentences, il lui est arrivé de citer la Bible ou de rejeter la faute sur les femmes adultères. Le Portugal est-il un pays rétrograde à cet égard ?

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Público (PT) /

Des juges archaïques qui devraient se mettre au goût du jour

Les juges comme Neto de Moura ne devraient pas être autorisés à continuer d'exercer leur métier, argumente Público :

«De par le monde, les femmes victimes de violence masculine sont quatre fois plus nombreuses que les victimes du terrorisme. Au Portugal, chaque année, 33 femmes meurent en moyenne de violence conjugale. Si le taux de meurtres est en recul général, le taux de féminicides en revanche est en hausse. ... Un juge doit-il se laisser guider par des préjugés et des valeurs surannés ? ... Ou a-t-il le devoir de faire preuve d'un minimum de culture (sociologique, historique et psychologique), qui le garde d'invoquer comme justification 'infidélité et dépravation sexuelle' ? Le devoir de mettre à jour ses connaissances ne vaut-il que pour les médecins, les enseignants et ceux qui travaillent dans le social, dont l'attitude a un effet direct sur les citoyens et leur rapport à l'Etat, ou ce devoir est-il aussi valable pour les juges ?»

Diário de Notícias (PT) /

La Bible n'a rien à faire au tribunal

Dans les colonnes de Diário de Notícias, le journaliste Nuno Artur Silva fait lui aussi part de sa stupéfaction :

«J'ai lu les informations sur le nombre des victimes de violences conjugales au Portugal, les agressions et les mortes. Elles sont vraiment navrantes. A notre époque, des femmes sont assassinées sans que notre société les protège. La violence conjugale : deux termes qui devraient s'exclure mutuellement, mais ce n'est malheureusement pas le cas. A ces nouvelles accablantes sur la réalité du Portugal vient s'en ajouter une qui doit provoquer non pas la résignation mais la révolte. Il existe un juge qui appuie ses décisions - à maintes reprises, il justifie la violence des hommes envers les femmes - sur des versets de la Bible.»