Européennes : les raisons d'une désaffection

400 millions de citoyens de l'UE sont appelés aux urnes le 26 mai. La participation ne devrait toutefois pas être très élevée. Lors des dernières élections, la participation moyenne avait été de 42,61 pour cent, loin du niveau de 1979, date de l'élection du tout premier Parlement européen. Les chroniqueurs s'interrogent sur les causes de ce désamour et rendent hommage aux candidats, qui ont le courage de se lancer dans la course.

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Jutarnji list (HR) /

Pourquoi un tel abstentionnisme dans les PECO ?

La tendance à l'abstentionnisme dans les PECO risque de s'amplifier, estime Jutarnji list :

«Pourquoi les citoyens renâclent-ils à aller voter ? ... Est-ce par paresse ? Non, c'est plutôt qu'ils n'en voient pas l'utilité. Du point de vue de l'électeur lambda, du citoyen moyen, l'expérience démocratique de presque trois décennies nous enseigne la chose suivante : que l'on vote ou non, cela ne change pas grand chose. Tous les partis se ressemblent, car ils sont hostiles au citoyen moyen. Ils font des promesses, et une fois au pouvoir, leur attitude change. Ils deviennent tous des menteurs et des voleurs par dessus le marché.»

Berlingske (DK) /

La gratitude plutôt que le mépris

Vu le mépris croissant qu'inspire la classe politique, il serait souhaitable de lui témoigner aussi un peu de gratitude en période électorale, juge Berlingske :

«Au nom de la démocratie, les candidats fournissent un formidable travail bénévole. ... Il est fort probable que nous placions des attentes démesurées dans l'action des politiques, et les abus de pouvoir par exemple ont indéniablement nui à la confiance dans la classe politique. Mais il faut que le débat politique soit mené de manière respectueuse, une responsabilité qui incombe à chacun de nous. Lorsque les candidats se fendent de déclarations aberrantes, la presse doit critiquer ces propos. Mais il ne faut pas oublier que l'erreur est humaine et que la démocratie vit de ces personnes qui sont prêtes à s'exposer aux critiques et à se soumettre au test des élections.»

Aftonbladet (SE) /

La politique climatique doit tenir compte des inégalités

Il ne faut pas que la protection climatique aggrave les inégalités sociales et territoriales, prévient Aftonbladet :

«Ceci implique également que les ressources issues des riches agglomérations soient redistribuées vers les zones rurales pauvres - aussi bien en Suède que dans l'UE. Si l'on veut réduire les émissions de gaz à effet de serre, on ne peut pas se contenter d'observer le fossé se creuser et les investissements publics se tarir. ... Si la libre circulation des marchandises et des personnes est un principe autant chéri qu'on le prétend dans l'UE, alors il serait judicieux d'investir dans un réseau ferroviaire commun, afin de pérenniser également la liberté de circulation. C'est de ces réformes qu'il faut parler avant les européennes. Ce dont nous avons besoin, c'est d'investissements verts dans l'intérêt général, et non de davantage de gilets jaunes

Die Presse (AT) /

Des Autrichiens qui en savent trop peu

Die Presse voit un lien entre la médiocrité de l'éducation politique dans les écoles autrichiennes et l'attitude des électeurs envers les européennes :

«Neuf pour cent des Autrichiens connaissent la date des élections, mais 18 pour cent d'entre eux seulement affirment qu'ils se rendront aux urnes. Un chiffre qui les place au rang 23 des 28 pays de l'UE en termes d'abstentionnisme. 39 pour cent ont déclaré être peu enclins à aller voter. ... Ce désintérêt des citoyens pour un de leurs droits les plus importants - à savoir déterminer eux-mêmes qui seront leurs représentants politiques à Bruxelles et à Strasbourg - rappelle un fait navrant : l'absence d'éducation politique dans les écoles du pays. Une campagne d'information aura beau faire appel aux communicants les plus talentueux, elle tombera en terrain stérile si la majorité de la population n'a jamais appris à quoi servait l'UE et, par voie de conséquence, à quoi servaient les élections européennes.»

The Guardian (GB) /

Personne ne représente les Européens expatriés

Environ 17 millions de citoyens de l'UE sont expatriés dans d'autres Etats membres. Dans The Guardian, Alberto Alemanno, Italien domicilié en Espagne, explique pourquoi leur participation aux européennes est habituellement très faible :

«Si l'on parle beaucoup d'un débat paneuropéen, les européennes finissent toujours par constituer une mosaïque de campagnes nationales cloisonnées, dans lesquelles les partis nationaux s'affrontent sur des questions spécifiques à leur pays. ... Ceci pourrait changer avec l'émergence de mouvements politiques paneuropéens. L'existence de tels mouvements, porteurs d'une offre politique commune à l'UE, pourrait nous donner une voix à nous, expatriés intracommunautaires, et nous représenter. Or nous restons marginalisés. Quel paradoxe ! Nous, citoyens qui construisons l'Europe par le bas, grâce à nos vies et à nos familles, ne sommes pas habilités à présider à son avenir politique. »

Público (PT) /

La nécessité d'une solidarité internationale

Dans une tribune au journal Público, ONGD, une plateforme représentant les ONG portugaises, appelle l'UE à voir plus loin que le bout de son nez :

«Les européennes sont l'occasion de recentrer et réorienter le débat autour des objectifs de la coopération au développement. ... En tant que premier bailleur mondial d'aide au développement, l'UE a la responsabilité de placer la coopération au développement au service des groupes de population les plus menacés, en accord avec les principes de la solidarité internationale et du développement durable. C'est pourquoi nous appelons tous les candidats à intensifier leur engagement en faveur du développement mondial et de donner la priorité à une Europe juste, solidaire et durable.»

Dagens Nyheter (SE) /

Tenir compte du libre-échange

Dagens Nyheter estime qu'un thème important passe à la trappe dans la campagne électorale :

«Les mécontents à gauche comme à droite dénoncent la toute-puissance du libre-échange. Ils se trompent. Le libre-échange est au contraire de plus en plus menacé. Le groupe de réflexion Global Trade Alert a répertorié depuis 2008 deux fois plus d'interventions de l'Etat nuisibles au commerce que de mesures de libéralisation du commerce. Si l'on veut inverser la tendance, les forces libérales européennes doivent se mobiliser contre les populistes xénophobes, mais aussi contre une politique d'entrave à l'économie. ... Libre-échange et marchés dynamiques revêtent une importance décisive pour l'avenir de l'Europe.»

La Repubblica (IT) /

Une campagne perfide et lénifiante

Dans une tribune à La Repubblica, Massimo Riva déplore que les partis au pouvoir en Italie, La Ligue et le M5S, enjôlent les électeurs en leur faisant de fausses promesses :

«Un mélange toxique de tromperies réduit la campagne électorale pour le nouveau Parlement européen à une mystification collective. Cela se produit également ailleurs, mais dans aucun pays la campagne n'a atteint les niveaux de fourberie observés en Italie. ... L'exemple le plus flagrant en est la déclaration, répétée de façon obsessionnelle, selon laquelle ce vote est l'occasion d'affranchir l'Italie de ces contraintes de rigueur budgétaire sur lesquelles ils rejettent toute la responsabilité des problèmes financiers du pays. ... Affirmer que se débarrasser des 'technocrates' de Bruxelles et leurs critères ouvrirait les portes du paradis, c'est prendre les Italiens pour des imbéciles et les lancer aveuglément vers la prochaine catastrophe budgétaire.»

Observator Cultural (RO) /

Seuls les populistes présentent des thèmes supranationaux

Dans Observator Cultural, le politologue Cristian Pîrvulescu fait remarquer que si la campagne électorale européenne n'aborde que peu les questions européennes, c'est en grande partie le résultat d'un choix du Parlement européen :

«En février 2018, le Parlement européen avait bloqué la tentative d'Emmanuel Macron d''européiser' les élections de 2019 par le biais de listes de candidats au niveau supra-national. Ceci a rendu quasiment impossible une européisation des européennes. Par cette décision de février 2018, les partis nationaux des Etats membres de l'UE ont signalé leur refus de débats européens. ... Dans ce contexte, paradoxalement, l'européisation des débats a été le fait des populistes anti-européens, qui ont défini leurs grands thèmes de campagne au niveau supra-national, dans le but de sensibiliser de manière plus crédible le danger de l'immigration et du colonialisme islamique. »

Gazeta Wyborcza (PL) /

L'amour simulé du PiS pour l'Europe

L'excès d'europhilie affiché par le parti au pouvoir polonais PiS n'est que de la poudre aux yeux, affirme le politologue et ancien diplomate Roman Kuźniar dans Gazeta Wyborcza :

«Les dirigeants du parti se rassemblent actuellement autour du mot d'ordre 'La Pologne est le cœur de l'Europe' en brandissant des drapeaux européens à tout bout de champ. Mais ne soyons pas dupes : la donne changera dès le lendemain des élections. Le PiS voudra entériner son changement de régime radical, qui cimentera durablement son pouvoir. Pour ce faire, il devra repartir en guerre contre l'UE. ... Pour les élections de cette année, le camp du gouvernement a dû faire marche arrière, simuler l'innocence et l'attachement à l'Europe. A force d'avoir trop tiré sur la corde, il a pris des risques et doit désormais changer de tactique. ... Il souhaite éviter à tout prix un changement de gouvernement.»

News.bg (BG) /

Les Bulgares doivent s'affirmer davantage

Alors que la Bulgarie a rejoint le club de l'UE il y a douze ans déjà, la majorité de sa population s'en font une représentation biaisée, se plaint news.bg :

«Le moment est venu de rétablir une vérité simple mais essentielle : l'UE n'est ni le 'père', ni la 'mère' de la Bulgarie. Car le but de notre adhésion n'est ni d'apprendre bêtement les lois européennes (avec une UE paternelle dans le rôle du professeur), ni de profiter de ses fonds (avec une UE maternelle dans le rôle de mère nourricière). Ces deux éléments ont certes leur importance, mais il faut avant tout entrevoir l'UE comme un moyen de faire valoir les intérêts nationaux bulgares, tant au sein de l'Union qu'au niveau international.»

Der Nordschleswiger (DK) /

Qui a son mot à dire dans l'UE

Les gouvernements nationaux restent des institutions puissantes, explique Der Nordschleswiger :

«L'UE, c'est nous tous qui vivons dans ses États membres. Nous élisons les députés européens qui décident de la politique à Strasbourg et à Bruxelles. Et lors des élections nationales, nous élisons les hommes politiques qui, par l'intermédiaire du puissant Conseil des ministres et de l'influent Conseil européen, le comité des chefs de gouvernement, rendent possible en premier lieu la politique définie au sein du Parlement européen. Les gouvernements nationaux sont beaucoup plus puissants à cet égard que ce qui est véhiculé, souvent par eux-mêmes. Dans le cadre du Conseil des ministres de l'UE, ils peuvent bloquer la politique européenne au même niveau que le Parlement européen, proposer des solutions communes - voire leur barrer la route. Et les élus nationaux, qui sont souvent les premiers à s'opposer aux solutions européennes, s'empressent de tout mettre sur le dos de Bruxelles en lui reprochant d'avoir à nouveau échoué.»

Diena (LV) /

La Lettonie et ses surprenants candidats

Le maire de Riga, impliqué dans un scandale de corruption, mais aussi un ex-ministre au bilan particulièrement maigre, seront candidats aux européennes en Lettonie. Ce dont s'irrite Diena :

«Est-il normal qu'autant de politiques se réfugient à Bruxelles ? Bien sûr que non ! Le Parlement européen ne saurait être le refuge d'individus devenus indésirables en Lettonie. Et nous devrions être tout aussi sceptiques vis-à-vis des candidats présentés par les partis comme des 'invités de marque', censés appâter les électeurs naïfs. ... On dit toujours que les électeurs votent plus avec le cœur qu'avec la tête. L'équilibre n'en reste pas moins important. Nous devrions, cette fois-ci, faire notre choix en faisant à la fois preuve de passion et de bon sens.»

Kauppalehti (FI) /

La Finlande a besoin d'européistes convaincus

Kauppalehti critique lui aussi le choix des candidats en Finlande et appelle la classe politique à prendre le scrutin un peu plus au sérieux :

«Les européennes étant déjà loin de susciter l'engouement en Finlande, le 'shopping électoral' de certains politiques apparaît d'autant plus néfaste. Douze députés fraîchement élus au Parlement national sont candidats aux européennes. Certains d'entre eux ont annoncé qu'ils ne siègeraient pas au Parlement européen s'ils étaient élus, un autre a indiqué qu'il ne le ferait qu'à certaines conditions. La Finlande dispose de moins de deux pour cent des sièges au parlement européen et le Brexit n'y changera pas grand chose. Il est donc primordial que chaque siège finlandais soit occupé par des personnes de conviction. Un principe qui doit valoir dès le choix des candidats.»

Libération (FR) /

La carence fondamentale de l'Europe

Dans un entretien accordé à Libération, l'écrivain Oliver Guez estime qu'il manque quelque chose d'essentiel à l'UE :

«Il existe des cultures nationales, régionales, mais une culture transnationale ou paneuropéenne, cela n'existe pas. ... Moi qui voyage beaucoup, je réalise à quel point chaque pays est centré sur lui-même. Même les débats d'idées restent très nationaux, les cultures sont très cloisonnées. Peu d'auteurs émergent au niveau continental. ... il n'y a pas d'imaginaire européen ! L'Europe n'a pas voulu ou pas su se définir. Elle n'a ni culture ni identité communes, ni héritage. Il existe bien une classe européenne transnationale cultivée, mais aucun imaginaire commun ne permet de toucher une population plus large.»

Dagens Nyheter (SE) /

Un rêve suédois

Dans Dagens Nyheter, l'écrivain Mattias Svensson détaille ses aspirations :

«J'aimerais que les services bénéficient de la même mobilité que les marchandises en Europe. J'aimerais un accord commercial mondial qui supprime complètement les droits de douane pour les biens et services qui ne nuisent pas à l'environnement. ... Les contribuables européens seront contraints de subventionner les centrales à charbon les plus polluantes jusqu'en 2025, mais j'attends le jour où le subventionnement public du charbon sera de l'histoire ancienne. J'appelle de mes vœux une Europe plus productive, plus dynamique et plus attractive qu'aujourd'hui. Développer la mobilité et les libertés revient à investir dans l'avenir.»

Jydske Vestkysten (DK) /

Ne pas devenir des 'idiots utiles'

Au Danemark, les électeurs peuvent déjà voter depuis lundi par courrier. Jydske Vestkysten met en garde contre les "fake news" sur Internet :

«Nos rapports avec l'UE sont différents de ceux que nous entretenons avec le Parlement national. Si l'Union exerce une grande influence sur notre quotidien, nous savons peu de choses d'elle. Une faiblesse dont peuvent profiter les ennemis de l'UE. Le scepticisme est toujours de mise face aux informations qui circulent sur les réseaux sociaux. Mais il convient de redoubler de prudence aujourd'hui avant de 'liker', partager ou croire l'info qui surgit sur Facebook. En contribuant à propager les infox, nous devenons les idiots utiles de forces clairement malveillantes à l'égard de notre pays.»

La Vanguardia (ES) /

L'UE reste un trou noir

D'après une enquête, près de 100 millions d'électeurs dans l'UE, soit un tiers des votants, ne savent toujours pas pour qui ils voteront. La faute des partis, selon La Vanguardia :

«La principale explication pourrait être la frilosité des partis vis-à-vis de la politique européenne. Il est difficile, par ailleurs, de faire comprendre aux électeurs l'importance des tâches dont s'acquittent les responsables politiques à Bruxelles - pour encadrer le présent, mais aussi et surtout pour doter le futur vivre ensemble de règles viables. ... L'avenir de chaque Etat membre, le sort du continent dépend de plus en plus de Bruxelles»

Polityka (PL) /

Mussolini junior, symbole de l'Italie d'extrême droite

La candidature de Caio Giulio Cesare Mussolini est l'illustration du basculement de l'Italie à l'extrême droite, commente Polityka :

«Le petit dernier de la famille Mussolini ne dénigre pas ses liens avec le fascisme. Son premier discours de campagne, initialement prévu le 10 avril à Conselve, a été annulé car on craignait qu'il ne serve à propager des thèses fascistes. Dans le restaurant où Mussolini devait intervenir, des places avaient été réservées pour les leaders du groupe néofasciste Veneto Fronte Skinheads, connus pour leur rhétorique raciste et hostile aux migrants, ainsi que pour leur séparatisme en Italie du Nord. ... Vu le climat dans la société italienne, qui ne cesse de polariser et d'exclure les minorités, il n'est pas impossible que son parti, Fratelli d'Italia, décroche au moins quelques sièges au Parlement européen.»

Politico (BE) /

Davantage de femmes au Parlement

Corinna Horst, vice-directrice du bureau du German Marshall Fund à Bruxelles, espère dans Politico que les femmes seront mieux représentées au prochain Parlement :

«En Europe aussi, les femmes devraient signaliser les priorités qui sont les leurs. Ce ne sont pas les sujets d'inquiétude qui manquent : les incertitudes liées au Brexit, la montée du populisme europhobe d'extrême-droite, la question irrésolue de la gestion de l'immigration, ou encore la réforme de la zone euro. ... Pour changer tant la tonalité du débat que l'approche de grands problèmes européens, nous avons besoin de davantage de femmes qui prennent le relais. La formule est simple : partis, présentez davantage de femmes ! Femmes, faites entendre votre voix !»

El Mundo (ES) /

Le Parlement européen n'est pas une maison de retraite !

El Mundo appelle les partis à retenir des candidats compétents :

«Au prochain Parlement, les deux grandes familles politiques - conservateurs et socialistes - n'auront plus la majorité à elles seules. Des alliances multipartites seront donc nécessaires dans une législature où l'Europe doit faire avancer le processus d'intégration et parler d'une seule voix si elle veut avoir son mot à dire sur un échiquier mondial de plus en plus complexe. Le moment charnière pour le processus d'intégration que nous vivons actuellement exige un leadership politique à la hauteur. C'est donc un bien mauvais signe que les grands partis espagnols continuent de considérer le Parlement davantage comme un cimetière d'éléphants que comme l'organe décisif où se joue notre présent.»

Azonnali (HU) /

L'opposition a raté le coche

Les partis d'opposition hongrois laissent filer l'occasion de faire corps contre Orbán, estime le portail Azonnali :

«La participation de la bourgeoisie urbaine sera élevée, y compris dans les villes de province, mais on aura tout le mal du monde à amener le 'lumpenproletariat' pro-Fidesz à aller voter, car il ne sait pas ce que c'est, les européennes. Il est facile de mobiliser tous ceux qui ont un profil Instagram ou Facebook ou qui lisent Index - ceux-ci n'ont pas l'intention de voter Fidesz. Ces personnes n'ont besoin que d'une légère incitation. ... Peut-être faudrait-il mener une campagne commune, indiquant que l'un des cinq partis [d'opposition] a des chances de l'emporter. Quel que soit le parti, dans la mesure où celui-ci est opposé à Orbàn.»

Daily Sabah (TR) /

L'UE minée par les islamophobes

Le quotidien Daily Sabah s'alarme de la progression des forces europhobes et islamophobes au Parlement européen :

«Au lendemain du 27 mai 2019 dans les couloirs du Parlement européen - qui affirme être l'institution démocratique suprême de l'UE et la garante des valeurs sacro-saintes de l'UE - on comptera davantage d'eurodéputés d'extrême-droite et d'extrême gauche, et ce n'est pas tout. Toutes les ressources du Parlement, soit une somme considérable, seront dévoyées par des eurodéputés directement hostiles à l'UE et à la Turquie. L'argent des contribuables européens musulmans et des Turcs - qu'ils soient ressortissants de l'UE ou qu'ils travaillent dans l'UE - sera affecté à la lutte contre les musulmans et contre les Turcs.»

Göteborgs-Posten (SE) /

Non au manichéisme !

La fédération syndicale suédoise a tourné un clip de campagne montrant l'eurodéputé polonais Janusz Korwin-Mikke revendiquant des salaires plus faibles pour les femmes. Ce type d'actions polarisantes est contreproductif, explique Göteborgs-Posten :

«Ceux qui haïssent ouvertement l'Europe ont changé de stratégie. Au lieu de rejeter l'UE en tant que telle, ils réclament une autre Union. ... Il est plus facile d'affirmer que la paix en Europe est menacée plutôt que de dire qu'une directive sur les produits chimiques ou un contrôle paneuropéen de l'usage des antibiotiques sont nécessaires. ... Il peut dès lors être tentant de réduire le débat européen à une simple question : pour ou contre l'UE. ... Cela fonctionne très bien lorsque l'opposant est un bouffon comme Korwin-Mikke. Mais cela ne permet pas de combattre les europhobes qui se portent candidats à ce scrutin.»

Haniotika Nea (GR) /

Pour les Grecs, l'Europe est bien loin

Le journal régional Haniotika Nea évoque de quelle façon les européennes sont perçues par l'opinion publique grecque :

«Cela a toujours été ainsi dans notre pays. Après l'adhésion à l'UE, en 1981, les européennes ont toujours davantage porté sur nos affaires intérieures que sur la politique européenne. Personne ne nous informe de ce que l'on appelle l'Europe et sur ce qu'y s'y passe. On parle des européennes, mais on considère l'Europe comme quelque chose d'éloigné, qui ne concerne que les Allemands, les Français, les Italiens, etc, mais pas les Grecs lambda. C'est un paradoxe de la politique grecque : le scrutin des européennes approche et l'on ne parle que de vieux scandales, de la corruption, des conflits d'intérêts, des candidats. ... De tout donc, sauf de l'essentiel : l'avenir d'une grande famille - le plus grand acquis de l'après-guerre dans le monde.»

Le Monde (FR) /

L'UE doit se pencher sur la politique migratoire

Dans son éditorial, Le Monde se réjouit que la politique migratoire soit abordée dans la campagne :

«Les risques de dérapages subsistent sur cette question sensible, comme l'ont montré les récentes divisions européennes au moment de l'adoption, fin 2018, du pacte mondial pour les migrations sûres, promu par l'ONU et dénoncé par les populistes. Bruxelles n'a toujours pas mis sur pied de politique commune d'immigration ni même d'asile. Quelle que soit la tournure de la campagne, les problématiques migratoires resteront l'une des principales priorités des dirigeants européens, tant les pays de l'UE ont été incapables ces dernières années de faire preuve d'assez de solidarité pour gérer collectivement une question qui ne peut avoir de solution nationale. L'oublier reviendrait à faire le jeu de l'extrême droite.»