Venezuela : pourquoi le coup d'Etat a échoué

Lors d'une tentative de putsch contre le chef d'Etat vénézuélien Nicolas Maduro la semaine dernière, certains soldats ont pris fait et cause pour le président intérimaire autoproclamé Juan Guaidó. L'état-major continue cependant de soutenir Maduro. Les éditorialistes se demandent pourquoi l'opposition n'arrive pas à remporter la bataille de longue haleine pour le pouvoir au Venezuela.

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112.ua (UA) /

Les citoyens n'ont pas confiance en Guaidó

Guaidó n'a pas su s'imposer au Venezuela car ni l'armée ni les syndicats ne l'appuient, estime le politologue Georguii Kouchaleïchvili sur le portail 112.ua :

«L'armée soutient Maduro car celui-ci maintient le cap de [l'ex-président] Chávez, qui a renforcé l'influence de l'armée dans la société. ... Les forces de sécurité ont peur de perdre leurs privilèges sous un nouveau gouvernement. Guaidó n'a manifestement pas su séduire non plus les responsables syndicaux. ... De nombreux citoyens sont mécontents de Maduro, mais ils ne font pas confiance en Guaidó, car ils voient en lui une marionnette des Etats-Unis. Il semblerait qu'une majorité de Vénézuéliens ne veulent pas passer du socialisme à un modèle de développement néolibéral.»

Novaïa Gazeta (RU) /

Un changement de régime ne tombe pas du ciel

L'opposition vénézuélienne a commis les mêmes erreurs que l'opposition cubaine, commente Novaïa Gazeta :

«Après l'effondrement de l'URSS, l'opposition cubaine était convaincue que le régime de La Havane allait suivre et a attendu sans faire grand chose - en vain. De la même façon, l'opposition vénézuélienne est restée inactive, pensant que l'échec des chávistes était inéluctable. Elle s'est tournée vers ses opposants au sein de la classe moyenne. ... Ces individus ne sont pas habitués à parler aux pauvres, auxquels Hugo Chávez savait s'adresser en parlant leur langue. L'opposition n'a de facto jamais su coopérer avec les habitants des bidonvilles, là où vivent les plus pauvres.»

Gazeta Wyborcza (PL) /

L'opposition tenue à l'écart par la violence

Seule la peur peut expliquer que l'opposition ne soit pas encore parvenue à s'imposer, selon Gazeta Wyborcza :

«D'après les sondages, près de 70 pour cent des citoyens soutiennent l'opposition. Celle-ci ne dispose toutefois pas de la force suffisante dans les structures de l'Etat pour prendre le pouvoir dans le pays. Le Parlement, où elle est majoritaire, est impuissant, car le régime ne le reconnaît pas et l'ignore - même si elle ne fait ni abattre ni emprisonner les députés qui y siègent. La société craint le régime bien qu'elle en ait assez de lui, et bien qu'elle manque de tout - nourriture, médicaments, eau, électricité, perspectives d'avenirs. Car les gens qui manifestent dans la rue s'exposent à tout moment au risque d'être abattus par des policiers ou par des partisans du gouvernement à moto.»