Que révèle l'affaire Strache sur les liens entre Poutine et l'extrême droite européenne ?

Dans la vidéo à l'origine de la crise gouvernementale en Autriche, le vice-chancelier autrichien démissionnaire et chef de file du FPÖ, Heinz-Christian Strache, fait miroiter à une femme, qui se fait passer pour la nièce d'un oligarque russe, la perspective de contrats publics. Les chroniqueurs ne s'étonnent pas du fait que la direction du FPÖ succombe à la tentation de l'argent russe.

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Avvenire (IT) /

Les services secrets occidentaux se méfient de Vienne

Vienne est devenue un nid d'espions, assure le chroniqueur Paolo Lambruschi dans Avvenire :

«Qui a enregistré la vidéo ? C'est l'un des mystères de Vienne qui, en raison de la majorité gouvernementale actuelle, est redevenue la capitale de l'espionnage, comme au temps de la guerre froide. Les gros titres soulignent régulièrement les relations embarrassantes entre Poutine et des responsables d'extrême droite arrivés au pouvoir. ... Les ultranationalistes recrutent parmi les corporations estudiantines et les cercles néonazis - l'un d'entre eux a reçu un don de l'Australien Brenton Tarran, le terroriste identitaire qui a tué 50 personnes dans la mosquée de Christchurch. Ces ultranationalistes occupent des postes clés : ils sont notamment aux Affaires étrangères, à la Défense et à l'Intérieur. L'Autriche se trouve ainsi isolée depuis un an par les renseignements occidentaux, de peur que des informations sensibles soient partagées avec Moscou.»

Postimees (EE) /

L'attrait irrésistible du rouble

Le FPÖ n'est pas le seul à être tenté par l'argent russe, analyse Postimees :

«Les eurosceptiques européens (ainsi que Donald Trump) sont depuis toujours soupçonnés d'entretenir des liens douteux avec la Russie. ... Même si l'on peut affirmer que le centre de gravité de la politique autrichienne est toujours plutôt à droite, on aurait tort de minimiser l'affaire actuelle comme une spécificité de la république alpine. D'autres forces politiques européennes, qui ne sont pas exclusivement des partis eurosceptiques ou extrémistes, ont du mal à résister au pouvoir de séduction de l'argent russe. Depuis plus de dix ans déjà, l'ex-chancelier allemand Gerhard Schröder succombe à la tentation de l'argent provenant du gaz russe.»

Turun Sanomat (FI) /

Il a bon dos, le patriotisme...

Les populistes font le jeu de Washington et de Moscou, déplore Turun Sanomat :

«L'extrême droite autrichienne s'est montrée compréhensive vis-à-vis de la politique de Poutine, bien qu'il souffle sur les braises du conflit en Ukraine et malgré son annexion de la Crimée. ... La Ligue en Italie, le RN en France et d'autres partis d'extrême droite sont également ouvertement pro-russes. ... L'exemple de Strache et du FPÖ montre que de grands partis, même s'ils sont issus de démocraties solidement établies, n'hésitent pas à fouler au pied les valeurs fondamentales de l'UE si cela peut servir leurs propres intérêts. La campagne des populistes de droite est notamment aiguillonnée par Steve Bannon, l'ex-conseiller stratégique du président américain Donald Trump. L'objectif commun de Bannon, Trump et Poutine consiste à affaiblir l'UE. Le soi-disant patriotisme des populistes sert aussi bien la Russie que l'actuelle administration étasunienne.»