Pourquoi Miloš Zeman malmène-t-il le gouvernement tchèque ?

En République tchèque, le Sénat veut intenter une action contre le président Miloš Zeman ; celui-ci est en effet soupçonné d'avoir agi de façon anticonstitutionnelle dans plusieurs dossiers. Zeman refuse notamment, depuis plus de huit semaines, de nommer un nouveau ministre social-démocrate au portefeuille de la Culture. Les éditorialistes s'interrogent sur les desseins du chef de l'Etat.

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Echo24 (CZ) /

Le président fait ce qu'il veut

Les raisons du comportement de Zeman sont pour le moins obscures, peut-on lire sur le portail Echo24 :

«La nomination du nouveau ministre de la Culture, qui aurait dû être l'affaire de quelques heures, traîne en longueur depuis plusieurs mois. Mercredi, Zeman a de nouveau promis au Premier ministre qu'il limogerait le ministre actuel fin juillet, en indiquant toutefois qu'il réservait à mi-août sa décision quant à la nomination du nouveau ministre. Pour rappel, la procédure est entrée dans son troisième mois. ... On ne peut que spéculer sur les intentions de Zeman. Peut-être gage-t-il que les sociaux-démocrates quitteront le gouvernement, que Babiš restera toutefois Premier ministre, et que lui, le président, pourra placer ses protégés aux postes vacants. Ou bien sa Seigneurie tente-t-elle, par ce comportement scandaleux, de se créer de nouveaux ennemis - conformément à son style politique habituel.»

Hospodářské noviny (CZ) /

Babiš est tributaire de Zeman

Hospodářské noviny explique pourquoi Babiš ne bronche pas :

«Il serait relativement simple de mettre fin à ce cirque. Si le président ne donne pas suite à la proposition du Premier ministre pour la nomination du ministre, Babiš pourrait prendre son courage à deux mains, s'en prendre à Zeman et l'accuser d'outrepasser ses compétences. Ceci indiquerait clairement et une bonne fois pour toutes que le système présidentiel auquel Zeman aspire n'a pas cours actuellement. Mais le fait est que Babiš a peur de Zeman. Si Babiš devait être condamné [pour fraude aux subventions européennes], il aura peut-être besoin d'être gracié par Zeman - lui-seul pourrait le nommer à nouveau au poste de Premier ministre. Babiš est donc tributaire de Zeman. Ce dernier n'a dès lors aucune raison de battre en retraite face au Premier ministre.»