Estonie : faire appel au privé pour les grands travaux ?

Le ministre estonien des Finances, Martin Helme, veut recourir à un partenariat public-privé (PPP) pour financer la construction de ponts et d'autoroutes. Or de l'avis des chroniqueurs, le ministre ultraconservateur se trompe dans ses calculs quand il pense soulager ainsi le budget public et court-circuiter les longueurs administratives.

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Äripäev (EE) /

Une combine qui ne prend plus

On ne saurait recourir au partenariat public-privé (PPP) pour soustraire au contrôle budgétaire effectué par l'UE des investissement publics risqués, prévient le représentant de la Commission européenne en Estonie, Keit Kasemets, dans Äripäev :

«L'office statistique européen Eurostat fera une évaluation des risques et en conclura que le gouvernement estonien est le seul à les assumer. Suivant la logique du calcul du budget, c'est comme si le gouvernement construisait lui-même. Cet investissement creusera donc le déficit budgétaire. ... Le PPP était très apprécié il y a quinze ans, car il était très facile de placer cette opération hors-bilan. Mais depuis, les règles ont été complétées et il s'agit désormais du secteur le plus régulé de l'économie.»

Õhtuleht (EE) /

Impossible de brûler les étapes

Contrairement à ce que croit le ministre des Finances, on ne lance pas aussi rapidement et aussi simplement des projets de cette envergure, souligne Õhtuleht :

«La promesse du ministre des Finances est vaine car les expertises et les contrats demandent du temps. ... D'autres obstacles sont également susceptibles de retarder le début des travaux : les grands projets d'infrastructures se heurtent souvent aux réticences de groupes d'intérêt et des riverains. En raison des travaux entrepris par la société ferroviaire Rail Baltic, le secteur du BTP sera sur-sollicité. Il sera intéressant de voir comment le parti populiste de droite s'y prendra pour expliquer à ses électeurs la nécessité de faire appel à des travailleurs immigrés. Car lorsqu'on entreprend de grands travaux, la main d'œuvre nationale n'est jamais suffisante.»