Espagne : le ministre de l'Intérieur poussé vers la sortie ?

L'opposition conservatrice espagnole appelle à la démission du ministre de l'Intérieur, Fernando Grande-Marlaska. Celui-ci avait limogé le responsable de la Guardia Civil, la police du pays, officiellement dans le cadre d'un remaniement. Il est apparu par la suite que le directeur de la police enquêtait sur des membres du gouvernement, à la demande de la justice - en rédigeant des rapports soupçonnés d'être orientés.

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El Mundo (ES) /

Une démission inévitable

Un ministre qui a menti devant les sénateurs ne peut rester en poste, fait valoir El Mundo :

«Marlaska a menti délibérément pour ne pas avoir à reconnaître qu'il avait commis un délit en entravant les enquêtes de la justice qui visaient son gouvernement. Il est en fort mauvaise posture désormais, car ce mensonge a été percé à jour et la juge a suffisamment de preuves pour mener une action contre lui, pour coercition ou incitation à la violation du secret. ... Mais il faudrait que Malarska démissionne dès maintenant, avant même que la justice n'ouvre une enquête à son encontre. Il a limogé un honnête homme parce que celui-ci a refusé de faire quelque chose d'illégal [informer le ministère sur l'ouverture des enquêtes]. ... Il s'agit-là d'un ministre inique, qui ne peut rester un jour de plus en poste.»

eldiario.es (ES) /

Rien de démocratique

Dans une démocratie viable, le ministre de l'Intérieur devrait démissionner après un tel scandale, estime Ignacio Escolar, rédacteur en chef de eldiario.es, soulignant toutefois qu'un chef de la police ne devrait pas manipuler des rapports :

«Tout cela ne s'est pas produit dans un Etat démocratique exemplaire, mais en Espagne, où la Guardia Civil a de nouveau présenté un rapport truffé d'erreurs et de mensonges afin d'accuser la gauche, au pouvoir actuellement, de divers délits sans aucun fondement. Ce rapport est plus qu'un simple travail bâclé : les propos d'un témoin y sont notamment déformés au point de dire exactement le contraire du sens de la déposition. Il s'agit de fait graves qui, dans d'autres démocraties fonctionnant mieux que la nôtre, se solderaient par davantage que le simple limogeage d'un cadre de la Guardia Civil.»