L'Europe doit-elle intensifier la lutte antiterroriste ?

Après les attentats qui ont endeuillé la France et l'Autriche, les ministres de l'Intérieur de l'UE se pencheront, ce vendredi, sur les moyens d'améliorer la lutte antiterroriste. Le chancelier autrichien, Sebastian Kurz, veut instituer le chef d'accusation "islam politique". D'autres pistes sont également évoquées : une surveillance plus étroite des individus classés S, des systèmes d'information allant au-delà des frontières et la formation d'imams en Europe. Les médias préconisent majoritairement un tour de vis.

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De Telegraaf (NL) /

Cessez de tourner autour du pot !

De Telegraaf salue l'initiative de la France et de l'Autriche et appelle les Pays-Bas à se joindre à elle :

«Certains dirigeants européens établissent un lien entre terrorisme et échec de l'intégration et veulent former les imams en Europe. De beaux projets, que la lente machinerie bruxelloise devra toutefois traduire dans les faits. Les Pays-Bas sont avant tout guidés par leurs intérêts économiques. ... Le Premier ministre, Marc Rutte, a par ailleurs souligné qu'il ne souhaitait pas exacerber les polarisations dans la société, qu'attiser la haine entre différents groupes de la population pouvait avoir de funestes effets. Mais l'heure n'est plus aux beaux discours ! Il faut appeler les choses par leur nom et faire face. Suivez l'exemple de la France !»

Adevărul (RO) /

Serrer la vis aux imams radicaux

Adevărul mise sur un durcissement des critères autorisant les imams à officier :

«Un certain nombre d'imams qui dirigent la prière dans des mosquées d'Europe constituent une problématique explosive qui appelle une réponse européenne. ... Un reproche qui se vérifie dans bien des cas est que certains d'entre eux sont des multiplicateurs de la propagande djihadiste. ... Les agissements d'un certain nombre de prédicateurs, tolérés par la Grande-Bretagne, dont les sermons sont contraires aux valeurs européennes et chrétiennes, illustre tristement le phénomène. Sont ainsi formatées des personnes que l'on retrouve plus tard dans les rangs des combattants de Daech fanatisés. Ce que les responsables tolèrent en invoquant le respect des droits humains. ... Une permissivité outrancière que l'on retrouve aussi en France, en Belgique, en Allemagne, en Italie, en Espagne, en Autriche. ... Va-t-on se résoudre à prendre des mesures ?»

Kurier (AT) /

Ne pas surréagir sous le choc

La limite entre prévention du terrorisme et restriction des libertés doit être clairement définie, souligne Kurier :

«C'est une règle du comportement humain : toute action est déclenchée par un événement qui le précède. Le retour de balancier n'en est que plus violent. Cette règle se vérifie dans le cas du programme de lutte antiterroriste du gouvernement : jamais les oscillations du balancier n'ont été aussi importantes, mais au moins les choses bougent enfin. ... Le train de mesures présenté comporte beaucoup de points auxquels tout le monde pourra adhérer, indépendamment de ses convictions idéologiques. ... Un point extrêmement épineux reste toutefois le traitement à réserver aux délinquants potentiels et condamnés. ... Il faut exclure qu'un terroriste s'en tire à meilleur compte qu'un délinquant lambda parce qu'une loi est anticonstitutionnelle ou trop laxiste. Inversement, aucun citoyen respectueux des lois ne devrait être condamné et criminalisé par une législation excessive adoptée sous le choc d'une attaque terroriste.»

Kristeligt Dagblad (DK) /

C'est Macron, et non Merkel, qui défend les valeurs européennes

Selon l'analyse de Kristeligt Dagblad, l'Allemagne n'est plus la pionnière de la lutte contre l'islam politique :

«Tandis que l'Autriche et la France parlent de combattre l'islam politique, Angela Merkel, de son côté, parle de combattre le terrorisme. Alors que d'autres pays membres de l'UE discutent des moyens de maintenir l'immigration à un niveau responsable, les Allemands discutent des moyens de mieux répartir les migrants. L'Allemagne ne fait pas avancer le débat politique sur ce dossier. Angela Merkel ne préside donc pas aux valeurs politiques de l'UE, bien que son pays soit la première puissance économique et assure la présidence tournante de l'Union. C'est Macron qui joue actuellement ce rôle.»